Richard Descoings vient dans mon lycée. Dans un billet précédent je l'annonçais, aujourd'hui ou plus exactement mercredi 8, M. Descoings et son équipe viennent nous rencontrer pendant deux heures.
Nous l'avons appris grâce à un document écrit glissé dans nos casiers de la part de l'Equipe de Direction qui nous informe également de l'organisation d'une demi-journée de réflexion sur la réforme du lycée. Nous allons donc nous réunir vendredi, les cours seront banalisés, pour réfléchir et préparer nos interventions.
Déjà deux camps se forment. Ceux qui comme moi pensent qu'il faut sauter sur l'occasion pour dire, raconter les expériences pédagogiques mises en place dans certaines classes, et demander les moyens en professeurs, en heures supplémentaires nécessaires et ceux qui clament que de toutes façons cela ne sert à rien d'être consultés puisque les réformes sont déjà décidées sans nous.
Bref d'un côté il y a les gens confiants, peut-être naïfs, et de l'autre les méfiants désabusés. Entre les deux, franchement j'ai choisi mon camp. De toutes façons ma position est simple : le lycée va mal, il a besoin de changement, alors soyons ouvert au changement.
Nous avons tous des propositions à faire, des expériences pédagogiques à valoriser, et une expérience d'enseignant à faire partager.
J'ai hâte d'être à vendredi, d'abord puis à mercredi 8 avril.
mardi 31 mars 2009
Richard Descoings et la Réforme des Lycées
Publié par Marie Laure à 18:19 0 commentaires
Libellés : Expérience, La réforme des Lycées, vécu
dimanche 29 mars 2009
Apprentissage d'une langue étrangère -voyage scolaire
Désolée je me suis absentée longtemps et ceux qui me suivent même discrètement ont dû se demander si je n'avais pas abandonné ce blog. Eh bien qu'ils se rassurent je suis de retour après une absence due à un voyage scolaire en Allemagne et un surcroît de travail. Apprentissage d'une langue étrangère -voyage scolaire
Je vais donc en profiter pour vous raconter l'expérience d'une langue étrangère que j'ai pu faire grâce au voyage scolaire.
Je suis enseignante d'anglais, pas d'allemand. J'ai étudié cette langue au lycée et l'ai plus ou moins abandonnée depuis. Depuis quatre ans je participe à l'échange d'une semaine que mon lycée a mis en place avec un lycée allemand. J'y ai trouvé des amis, que je revois toujours avec plaisir et j'ai aussi vécu des expériences d'élève. En effet, ce partenariat m'a donné l'occasion de réétudier cette langue et de me mettre dans la peau de nos élèves face à une langue étrangère. Si la première année fut particulièrement facilitée par mes convives qui me parlaient français, cette année en fut tout autrement car ils m'ont fait me plonger dans un bain linguistique, en immersion totale.
Les deux premiers jours, affaiblie par une intoxication alimentaire, j'entendais voler des sons sans rien distinguer des mots ou des phrases qui constituent le sens d'un message et qui permettent de le comprendre partiellement ou en entier. Ces sons ne parvenaient pas à franchir la barrière que lui opposaient mes oreilles. Ils restaient hors de moi et étrangers à toute compréhension. Pourtant dans le passé j'avais compris cette langue, globalement. J'imputais cela à ma méforme physique et à ma trop courte exposition à la langue. J'étais donc sereine, en attente, et grâce à cette confiance et sans doute à ma volonté de m'améliorer j'expérimentais peu à peu physiquement une chose extraordinaire.
Au fur et à mesure que les jours passaient je me sentais m'ouvrir, pénétrée par les mots, les structures, les réflexes propres à l'allemand et absorbais avec enthousiasme et joie tout ce que j'entendais. Je comprenais tout ou presque de ce qui se disait autour de moi. Je n'en étais même pas surprise, comme si cette langue était la mienne. Elle m'était devenue familière, presque maternelle. En même temps j'expérimentais une drôle de chose. J'étais le témoin de mes paroles. Je parlais allemand, je m'écoutais parler allemand et je faisais connaissance avec cette autre moi qui parlait, parlait parlait dans cette langue avec un bonheur que je ne dissimulais pas.Je tentais les phrases, les expressions que j'avais entendues la veille, et j'en riais toute fière de m'en souvenir et de les employer à bon escient, encouragée et félicitée par mes amis. Je répétais pour moi les mots pour leur donner le bon accent, et je me parlais, le jour, le soir au coucher et je finis par rêver en allemand, ce qui est l'ultime preuve que l'immersion est réussie.
Toute à ma joie, je réfléchissais à toutes les conditions de cette réussite.
La première est l'environnement bienveillant dont je jouissais. Mes amis allemands ainsi que mes collègues professeurs d'allemand n'hésitaient pas à répondre à mes questions sur le sens d'un mot ou d'une parole et à m'encourager. De plus ils étaient persuadés que je comprenais tout et me traitaient ainsi. Ils ne me donnaient donc pas le choix et le fait de me considérer comme bilingue me poussait à avoir confiance en moi et à oser, tout.
Voilà, aujourd'hui je me suis mise à travailler avec une méthode audio parce cette expérience a été particulièrement riche et motivante pour moi. Et je me dis que si nos élèves pouvaient eux aussi participer systématiquement à des voyages linguistiques, ils pourraient eux aussi, absorber la langue du pays, la restituer le mieux possible en gagnant confiance, enthousiasme, fierté et motivation à apprendre.
Publié par Marie Laure à 14:55 0 commentaires
Libellés : Apprentissage d'une langue, Environnement, Expérience, Motivation, Pédagogie, performance, vécu
vendredi 6 mars 2009
Correction des copies -LMC
Après les premier, deuxième et troisième billets voici celui qui va clore, provisoirement je l'espère, ce chapitre sur la correction des copies. Correction des copies -LMC
Utiliser un barème, qui permet d'accorder ou pas le point pour l'idée, donner des gratifications pour la justesse et la richesse de l'expression, accepter un certain nombre de fautes d'orthographe et au delà retirer un point ou deux à la copie, annoter au crayon, jamais en rouge (pour deux raisons : cela me permet de ne pas faire de ratures et je trouve la couleur rouge trop violente), enrichir les copies de conseils de révisions, de points de grammaire, et de remarques sur ce qui a été réussi, me paraît important.
Quand je corrige, je note sur une feuille à part les fautes qui reviennent le plus souvent et je propose de revoir en classe le ou les points de grammaire non assimilés qui ont provoqué ces fautes. Consigner les fautes des élèves sur des grilles individuelles et vérifier copie après copie si les fautes reviennent ou pas et partager ces grilles avec les élèves est à mon sens un travail qui nous engagent eux et nous dans une dynamique positive. Ce qui a été réussi est aussi souligné, apprécié, noté et valorisé.
Pourquoi ne noterait-on que les erreurs ? Notons aussi l’accomplissement la réussite et félicitons les élèves des progrès accomplis.
A la remise des copies, je propose à mes élèves de les relire en classe et de corriger les fautes qui ne sont que soulignées. Relever également les structures idiomatiques, le vocabulaire adéquat, l’expression juste des devoirs permet aux élèves de fixer encore mieux ces derniers. Ce travail peut se faire en groupe ou seul avec mon aide. Parfois je leur demande de refaire la rédaction et de la rendre plus tard au vu de toutes mes remarques. Soit je note cette nouvelle rédaction corrigée par eux, et je prends en compte dans la moyenne trimestrielle la meilleure note des deux, la première et celle-ci, soit j'ajoute un ou deux points à la note précédente si l'exercice est meilleur.
J'ai remarqué que la possibilité d'obtenir une meilleure note est très motivante pour les élèves.
Voilà quelques exemples de ce que je fais avec mes classes.
En tous les cas il est pour moi indispensable que la correction des copies soit un acte utile pour les élèves comme pour les professeurs, et dans certaines classes pour les parents aussi. Un devoir, un exercice évalués doivent servir à améliorer la performance, sinon ils ne servent à rien. Mesurer les progrès accomplis est à mon sens indispensable pour pouvoir progresser et progresser ensemble. Il ne faut jamais oublier que, tout comme je l’espère les élèves apprennent de moi, moi aussi le professeur, j’apprends d’eux. C’est comme cela que tout le temps consacré à la rédaction des devoirs pour les élèves et à leur correction pour les professeurs sera utilement employé. Elèves et professeurs auront ainsi la sensation que s’être privés de jeux ordinateur n’aura pas été vain.
Maintenant voyons comment envisager cela à la lumière de La Méthode Chalude de la Performance.
Le réflexe LMC consiste à reconnaître dans le mot « utile » le rôle de Manager (M) , en prise avec la réalité, qui stimule l’efficacité. Elèves comme comme professeurs tiendront compte de leur réalité, pour les élèves le devoir à rendre et pour les professeur le devoir à corriger et activeront ce rôle pour la mise en œuvre et la réalisation de ces tâches.
Les questions que nous posons à savoir :
Quel sens l’élève donne-t-il à la correction ? Quelle leçon tire-t-il de l’erreur ? Quelle image renforce-t-il de lui, du professeur, de ses capacités ?
sont liées au L, le Leader, c'est à dire à la vision que l'élève a du sens de ce qu'il fait, des images qu'il crée, des représentations qu'il a de lui-même, de la foi qu'il a en sa capacité de réussir et de la confiance qu'il accorde à ses professeurs.
Comment l’élève se sent-il durant la correction. Y trouve-t-il du plaisir ? A la fin est-il motivé, remotivé à apprendre ? Sont des questions qui appartiennent au domaine de l'affect. S'ils répondent de façon positive à ces questions alors elles démontrent le rôle de Coach de l'élève (C).
En ce qui concerne les professeurs, aborder les sessions de « correction » avec une image positive du contenu des copies, donner du sens aux corrections, (L), avoir la délicieuse sensation (C ) que tout ce travail, la cigarette aux lèvres ou le carré de chocolat en bouche sera utile (M) leur permettra de se motiver ou de se remotiver pour accomplir leur tâche d’enseignants.
Nous voyons donc que si les trois rôles, Leader (L), Manager (M), Coach(C) sont activés, pour les élèves comme pour les professeurs, la performance sera garantie.
Pour M. Chalude : « C'est comme cela que "la correction de copies" devient un "partenariat au développement continu de la performance".
Pour les erreurs concrètes, techniques, telles que la faute d'orthographe, c'est simple: bon ou mauvais, juste ou faux. Pour l'apprentissage, le désir d'acquérir des connaissances, de progresser dans la réalisation d'un projet, l'impatience d'obtenir un résultat, le système LMC facilite la vie, enrichit la collaboration et motive à réussir ENSEMBLE. Le pouvoir du professeur SUR l'élève est le pouvoir du professeur DE libérer le pouvoir DE réussir de l'élève »
Une dernière chose : cessons d’utiliser le vocable : corriger. Nous n’avons pas vocation à admonester nos élèves. Un professeur ne corrige pas un élève comme on corrige un coupable ou un criminel pour le remettre dans le droit chemin, car comme M. Chalude l'écrit:
« La notion de l'autorité qui juge et sanctionne cède la place à la compétence qui ouvre le sens, guide, explique, démontre, propose, accompagne et laisse l'élève responsable de son travail, motivé à le poursuivre et fier propriétaire de l'image qu'il se fait de son accomplissement. »
Publié par Marie Laure à 12:03 0 commentaires
Libellés : Anglais, Correction des copies, Expérience, La Méthode Chalude de la Performance, Méthodes, Motivation, Pédagogie, performance, Travail de groupes, vécu