mardi 13 janvier 2009

Un cours pas comme les autres

Aujourd’hui 8h, le désert qui règne devant mon labo de langue, que j'occupe par manque de salles disponibles, ne m'émeut plus puisque je suis maintenant habituée à faire cours à une portion congrue de ma classe de BTS PME-PMI. Quatre élèves encore ce matin, cela sera désormais, je le décide, mon chiffre fétiche. Quatre élèves que je n'ai pas eu le plaisir de voir récemment et qui ne savent rien de ce sur quoi nous travaillons et qui donc ne peuvent pas avoir fait le travail que j'avais donné pour aujourd'hui. Alors comment rentabiliser les deux heures qui s’annoncent ? Sur quoi travailler avec eux ?

Fastoche ! Aucun d'entre eux n'a assisté au cours précédent, donc refaisons ce qu'ils auraient dû faire s’ils avaient été présents ! Allez au travail !
Qui ose dire que les professeurs ne sont pas adaptables !

Après avoir re-expliqué la méthode du compte rendu –peut-être une nouveauté pour eux - nous voici partis à appliquer ladite méthode au moyen de cet article de journal dont le gros titre me fait de l’œil : HOW VANESSA WENT GLOBAL WITH HER JOB.
Les protagonistes de cette Success Story me sont très familiers car je les côtoie depuis si longtemps maintenant et Vanessa me fait voyager dans le monde entier grâce au télétravail qu’elle pratique avec bonheur. Merci à vous absents étudiants de me permettre de faire et refaire les mêmes cours... Mais trêve de plaisanteries, reprenons le fil du notre histoire, non pas celle de l'article de presse mais celle de ce matin.

Avec toute la douceur dont je suis capable, je demande à mes étudiants d’émettre des hypothèses sur le texte à partir de la lecture et de la compréhension du gros titre. Auparavant nous trouvons ensemble les mots clés, les expliquons et les notons au tableau. Une fois les hypothèses énoncées j’explique que nous les vérifierons par une lecture du texte. Pour pouvoir répondre aux fameuses questions : De qui, de quoi s’agit-il ? , Où et Pourquoi ? en anglais bien sûr, je les laisse disséquer l’article, sans dictionnaire, par groupe de deux, paragraphe par paragraphe. La consigne est précise, le ton rassurant : « Il s’agit de dire ce que vous comprenez de ce que vous lisez. Nous vérifierons ensuite si ce que vous dites est conforme à ce qui est écrit, étant entendu que faire des erreurs est naturel. » Puis j’utilise la métaphore du sportif qui pour être performant doit s’entraîner régulièrement.

Les voilà au travail, les uns aidant les autres pour extraire les idées contenues dans le premier et deuxième paragraphes. Le temps s’écoule paisiblement, les étudiants sont concentrés sur leur tâche. Je les aide à formuler leurs idées, leur fait retrouver des structures oubliées, des mots cachés dans leurs mémoires, et note leurs productions au tableau. Nous n’entendons pas la sonnerie annonçant la fin de la première heure et sommes authentiquement étonnés quand après avoir frappé discrètement à la porte blindée du labo entrent cinq autres étudiants de la classe, en s’excusant de leur retard « car Madame, comme vous ne nous acceptez plus en retard, nous avons dû attendre la deuxième heure »

L’espace d’un court instant me voici déstabilisée. En effet trois d’entre eux étaient présents au cours précédent et ont déjà fait ce sur quoi nous travaillons. Quid des deux autres ? Absents eux aussi. Quel mic mac ! Me voici avec trois groupes qui n’en sont pas au même point. Le premier, constitué de quatre étudiants a déjà terminé l’analyse du texte, le deuxième en est au deuxième paragraphe et le dernier ne connaît rien à la technique du compte rendu et n’a pas encore commencé à lire l’article.

Qui dit que les professeurs ne sont pas réactifs ?

« Groupe numéro 2, vous continuez l’analyse ensemble en intégrant groupe numéro 3 qui va d’abord lire le texte et copier les notes du tableau, pendant que je m’occupe de groupe numéro 1, celui qui en est à la phase finale c’est à dire celle du compte rendu. »

Ouf ! La solution est trouvée.

Eh bien ! C’était sans compter sur l’imprévu qui, je devrais le savoir, est assez courant dans cette classe : sur les trois étudiantes de groupe 1 une seule avait fait son compte rendu.

Catastrophe !

Par chance cette dernière veut bien me remplacer auprès de ses camarades pendant que je m’occupe de groupe 2-3.

C’est ainsi que nous avons terminé l’heure de cours, avec un professeur volant de groupe en groupe. Nous avons aussi fait un court bilan dans lequel les leçons ont été tirées par les étudiants eux-mêmes quant aux vertus du travail de groupe et aux problèmes occasionnés par leurs absences…
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2 commentaires:

Lcourt a dit…

Bonjour Marie Laure,
J'aime également faire travailler les élèves en groupes. Le dispositif en groupes répond à différents objectifs. Par exemple la mutualisation des travaux permet aux élèves de voir les productions des autres. "Ils ne s'écoutent pas entre eux?" pas si sûr lorsque la présentation des travaux des différents groupes constitue l'unique transmission orale sans reprise magistrale du prof derrière... Alors là: ils écoutent, ils notent et souvent font repréciser au rapporteur ses propos. Le seul souci et le fais comme toi marie laure durant les travaux je cours comme un rat entre les groupes car il faut "ORCHESTRER" pour éviter les fausses notes au final!

Marie Laure a dit…

Bonsoir Lcourt,
Je suis d'accord avec toi, les élèves s'écoutent quand ils s'apportent quelque chose. Par exemple j'aime bien faire travailler les groupes sur des textes différents et complémentaires. Je présente le travail comme un gain de temps car on peut ainsi aborder plusieurs questions sur le même thème et mettre en commun ensuite les infos et le vocabulaire(je travaille sur des articles de la presse anglo-américaine). Cependant j'ai constaté que si les groupes sont constitués de plus de deux ou trois étudiants, ils se partagent le travail au lieu de mutualiser leur apports. C'est pourquoi il faut être présent pour également contrôler le fonctionnement des groupes.