mercredi 3 juin 2009

LE RAPPORT SUR LA REFORME DU LYCEE DE M. DESCOING A M. SARKOZY

Cela s'est passé hier.
Tout d'abord pardon de m'être tenue à l'écart si longtemps de ce blog. Si je vous dis que je suis partie à Québec avec mes élèves de seconde à projet, que j'ai assuré les oraux du BTS PME-PMI, la présidence des oraux du BTS Communication des Entreprises et que j'ai fait preuve de paresse, cela suffira-il pour que vous reveniez vers moi?
Je l'espère et le souhaite car sinon comment sauriez vous ce qui s'est passé hier.

D'ailleurs, que s'est-il passé hier ?
Une information est parue, discrète, noyée par celle horrible, dramatique de l'accident de l'Airbus A 330, abîmé en mer. Il est vrai que la nouvelle de la remise du rapport sur la réforme du lycée par M. Descoing à M. Sarkozy est dérisoire comparée à cette dernière. Mais la vie continue et sur le tableau blanc véléda situé à l'entrée de la salle des profs, je lis qu'une équipe de TF1 vient interviewer à 11 heures profs et élèves ayant participé à la table ronde d'avril dernier.

Je pénètre dans la salle des profs et suis interpellée par une collègue qui m'enjoint de me porter volontaire car, dit-elle, j'adore les projecteurs. Je suis vexée par cette pique que je me force à prendre avec humour. Je décide néanmoins de privilégier mon cours ce matin. Dans cette antre des professeurs, je ressens la méfiance et l'hostilité dont nombre de collègues font montre à l'égard des médias. J'entends coupes au montage, déformation des propos pour servir les intérêts du pouvoir, et je ressens le désespoir ou le mauvais esprit, c’est selon.

Je sors et me dirige vers ma salle de cours. En chemin je rencontre Nathalie, l'initiatrice de la classe de seconde à projet qui me lance qu'il faut faire de la pub pour nos expériences innovantes. Le temps de prévenir mes élèves de mon absence et de trouver l'endroit dans lequel les interviews des profs vont être filmées, et me voilà en face du bureau du proviseur mis à la disposition du journaliste et des cameramen de TF1. J'essaie de convaincre une collègue hésitante d'aborder cet exercice avec confiance, en vain.

Le Proviseur présente les rares personnes présentes que nous sommes au journaliste qui explique qu'il veut une réaction à chaud au rapport sur la réforme du lycée. Nous sommes d'accord pour décliner son invitation, car nous n'avons pas lu le rapport, et pour cause, il paraît aujourd'hui.

Professionnel, il nous interroge alors sur ce que les grands axes connus et abordés dans le rapport auraient oublié. Le chef des travaux du LEP parle du manque de spécialistes de la maintenance informatique dans notre lycée puisqu'elle est assurée par un professeur déchargé de quelques heures de cours.

En conséquence notre parc informatique n'est jamais opérationnel dans son intégralité car les ordinateurs sont souvent en panne et non réparés. Il est donc impossible pour les professeur d'utiliser cet outil avec une classe ou une demi-classe.

Puis vient mon tour. Je répète ce dont je suis convaincue. J'exprime avec conviction qu’aucun des rapports ne se penche sur ce qui est fondamental à mon sens : la formation et la formation continue des profs. Oui il faut se préoccuper de mieux orienter les élèves, oui il faut équilibrer les filières mais le quotidien d'un élève est ce qui va être déterminant dans sa réussite. Combien d'élèves n'avons nous pas entendu dire, à juste titre, que tel ou tel professeur l'a dégoûté de la matière ? Bien sûr il faut être prudent, mais nous savons tous, la direction y compris, que certains profs ont besoin d'être aidés, qu'ils s'y prennent mal et ainsi obtiennent tout le contraire de ce pour quoi ils œuvrent.

Qui forme les jeunes enseignants en pédagogie ? Qui les guident sur le terrain ? Qui répond aux besoins des professeurs quand ils ne peuvent pas ou plus gérer leurs classes, les conflits avec leurs élèves ?
Personne.

Pour qu'un enseignant puisse amener ses élèves à la réussite il doit activer perpétuellement trois rôles. Il doit être Leader (L) c’est à dire avoir une vision, faire progresser sa classe vers des savoirs et des savoir-faire, dans le respect du programme, Manager, (M), organiser les cours, l'année scolaire, le travail des élèves et Coach (C), établir et maintenir des relations avec ses élèves.

Si l'un des trois rôles n'est pas activé, c'est l'échec. Un professeur qui ne saurait pas où il va, qui n'aurait pas une vue globale de ce que ses élèves doivent apprendre et savoir rendrait vite ses élèves insécures.

Celui qui serait brouillon, qui ne donnerait aucune consigne précise à ses élèves qui ne "les ferait pas travailler" serait vite découvert et pris pour un fumiste.

Et enfin celui qui ne s'intéresserait pas aux personnes dont il a la charge ne serait pas respecté car ses élèves ne se sentiraient pas non plus respectés.

Nous sommes tous porteurs d’au moins une de ces trois caractéristiques. Si nous sommes complets tout le temps, alors nous sommes parfaits et il ne nous reste plus qu'à veiller à faire activer ces rôles chez nous et chez nos élèves de façon continue pour toujours aller de l'avant ensemble. Si nous avons des manques nous devons d'abord en prendre conscience pour ensuite chercher à les combler.
Si spontanément je suis un professeur engagé dans la relation avec mes élèves mais dépourvu du sens de l'organisation ma classe ne fonctionnera pas correctement et moi non plus. Je dois donc veiller à développer ces qualités et activer les trois rôles perpétuellement.


Voilà à mon sens une des clés de la réussite, la notre et celle de nos élèves qui, malheureusement est trop souvent ignorée.

Pour que vous puissiez vous aussi voir et entendre ce qui s'est passé hier, voici le podcast du journal de 13h d'hier, (cliquez sur la partie en vert) dans lequel on peut voir nos CPE, des élèves du conseil de la vie lycéenne, nos élèves de seconde à projet travailler sur l'exposition qu'ils préparent sur notre voyage à Québec avec Nathalie, trois de ces élèves sont interviewés, et l'unique interview de professeurs car les autres ont été coupées au montage.

Désolée pour la pub au début du JT.
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samedi 11 avril 2009

Messieurs Sarkozy, Descoings et Darcos au lycée Champlain par Marie-Laure Aboulker


Mercredi 8 avril je suis débordée, débordée et stressée.

Le matin notre Proviseur adjoint me demande de présenter l'expérience Enseigner autrement reconduite cette année en classe de seconde pendant la table ronde programmée cette après midi même avec M. Descoings à 15h. J'ai cours toute la matinée jusqu'à 13h et ai prévu de faire les dernières courses nécessaires à l'élaboration du premier Séder de Pessah, entre les deux. Pas de panique, je maîtrise l'expérience, je devrais arriver à en parler sans grande préparation.

Cette consultation nationale est un événement sans précédent en France. Je compte bien y assister et présenter Enseigner autrement à M. Descoings. L'occasion m'est donnée de faire connaître La Méthode Chalude de la Performance et de partager tout ce que j'en tire de positif dans ma pratique pédagogique.

Je fais mes courses, rentre sans tarder chez moi, et imprime tous les documents relatifs à Enseigner autrement pour me préparer d'une part, et d'autre part pour constituer un dossier à remettre à M. Descoings.

Beaucoup moins stressée maintenant mais toujours aussi débordée, je retourne au lycée, sans savoir ce qui m'attend...

L'endroit choisi pour la table ronde est l'un des réfectoires du lycée et je m'y installe avec Nathalie, la collègue à l'origine de la classe de seconde expérimentale, à laquelle je participe aussi et que nous avons appelée : World Tour. Nathalie a pour mission de mentionner toutes les expériences innovantes faites au lycée et de me laisser ensuite la parole pour que j'expose la mienne.

L'agitation, la présence de messieurs-costumes-foncés, oreillettes et cordons zigzagant au cou, les joues et le crâne rougis de notre Proviseur, nous font pressentir que Monsieur Descoings n'est pas venu seul.

En effet, l'accompagnent Xavier Darcos, notre ministre et Nicolas Sarkozy, notre président. En un temps record, alors que je n'ai pas terminé ma conversation avec ma voisine Conseillère en Formation Continue, ces trois hommes prennent place à un mètre de nous sur des chaises d'école. Notre proviseur, maintenant grenat, prend la parole pour saluer la visite surprise du Président et déclare le forum ouvert.

Monsieur Descoings reprend le flambeau puis un élève du lycée attaque aussitôt, le micro que Cyril Delaye, le conseiller du chargé de mission pour la réforme du lycée lui a tendu, à la main. Le débat est lancé.

Nicolas Sarkozy écoute la question de l'élève et M. Descoings y répondre en un développement argumenté qui me fait craindre que ce forum ne soit qu'un long monologue et non pas l'échange prévu.
Mais je me trompe.

Les questions des élèves se suivent et Richard Descoings prend son temps pour y répondre en parlant : "sous le contrôle de Monsieur le Président" qui est attentif et sage. Mais il ne résiste pas longtemps à l'envie de s'exprimer, et sans notes et dans une posture décontractée qui témoigne d'une grande habitude à parler en public, il apporte des réponses, donne des informations, exprime des convictions. Très vite, l'assemblée ne s'adresse plus qu'à lui et oublie la présence de Richard Décoings et celle de Xavier Darcos. L'inconfort des chaises de cantine ne semble pas gêner M. Sarkozy qui parle avec passion et : "sous le contrôle de Monsieur Descoings." Il se montre attentif aux personnes présentes, sympathique, et semble très bien connaître son dossier.

Quant à Xavier Darcos personne n'aura l'occasion d'entendre le son de sa voix sauf notre Proviseur que je surprends à bavarder avec lui alors que le président est en train de parler(!).

Les questions, les interventions de parents d'élèves, les interpellations des collègues, les doutes, les craintes, les remarques des élèves, des enseignants et des autres intervenants font écho aux réponses, aux propos rassurants, fermes, aux conseils aux élèves et aux précautions oratoires du président vis à vis du corps enseignant.

Nous avions voulu que la consultation se passe en plusieurs temps et sans langue de bois. Les élèves volontaires avaient préparé leurs questions, les enseignants volontaires certaines interventions. D'autres interventions étaient plus spontanées, parfois plus "agressives" mais toujours extrêmement courtoises.
Une trentaine de thèmes a été abordée : l'absentéisme croissant et de plus en plus ingérable des élèves dès la seconde par le Conseiller Principal d'Education, l'inégalité financière entre les élèves dans la participation aux voyages scolaires, les mauvaises conditions de travail des enseignants et des élèves, la quasi-inexistence d'une politique de gestion de la santé des enseignants, la délicate question du rôle des entreprises à l'école, les stages, les filières, l'orientation, la préparation des élèves au baccalauréat, l'autonomie des établissements, l'organisation du temps scolaire, l'apprentissage des langues étrangères etc...

Et puis à mon tour je prends la parole et je soulève la question à mon sens cruciale de la formation et de la formation continue des enseignants. Nous sommes la seule corporation à ne pas bénéficier d'une véritable formation prodiguée par des spécialistes. Et je raconte à Monsieur Sarkozy que quand appuyée par ma direction j'ai sollicité une aide négociée, c'est à dire une formation collective à laquelle ont souscrit 25 collègues l'année dernière, la réponse d'abord positive est devenue bizarrement négative quand il s'est agit de rémunérer le formateur spécialiste Michel Chalude extérieur à l’Education Nationale à sa juste valeur.

J'ajoute que pour réussir il faut des élèves et des enseignants heureux et que le plaisir d'enseigner doit rencontrer le plaisir d'apprendre.
Plus tard Monsieur Sarkozy, est interpellé par un élève sur la notion de plaisir et déclare que c'est de l'effort que provient le plaisir.

Malheureusement ce discours ne convainc plus les élèves d'aujourd'hui. Il est inefficace pour la grande majorité d'entre eux car il est incomplet. Si pour certains l'effort est naturel car ils savent par expérience qu'au bout ils rencontreront les résultats escomptés et en tireront fierté et plaisir, d'autres doivent en être convaincus a priori. Comment donc les convaincre si ce n'est en leur proposant des activités qui les touchent et leur font plaisir ?

Le plaisir qu'un élève pensera trouver dans un travail le poussera à effectuer ce travail qui pourra ainsi lui donner du plaisir.
Cela s'appelle la MOTIVATION. Sans motivation pas de travail efficace et durable. Il nous faut donc proposer du plaisir à nos élèves pour qu'ils fassent les efforts qui leur procureront du plaisir, et ainsi de suite. CQFD.

Ainsi peu à peu ils intègreront par expérience que les efforts procurent du plaisir et accepteront avec enthousiasme des activités et des apprentissages plus "difficiles" car ils auront foi en la réussite de ce qu'ils entreprendront.

D'après Michel Chalude et son modèle : "le plaisir vient après l'effort", "la foi vient avant l'effort" et le deuxième souffle vient pendant l'effort"
L : l'image positive de l'avenir: j'y crois. Ceci représente, au départ, la foi que je vais réaliser quelque chose d'important.
M : la discipline de travail, le rythme de production quelque peu mécanique, "il faut mettre un mot devant l'autre et recommencer" pas à pas. Ceci correspond au deuxième souffle.
C : le plaisir de se détendre, le désir d'innover, l'envie d'évoluer, de grandir encore ou de faire grandir. Ceci relance la motivation jusqu'à la réussite finale.

C'est tout le sens de ma démarche d'enseignante et de mon expérience Enseigner autrement.

Il est 17 heures passées, Monsieur Sarkozy doit partir, il répond à une dernière question et, semble-t-il satisfait, nous quitte.
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mardi 31 mars 2009

Richard Descoings et la Réforme des Lycées

Richard Descoings vient dans mon lycée. Dans un billet précédent je l'annonçais, aujourd'hui ou plus exactement mercredi 8, M. Descoings et son équipe viennent nous rencontrer pendant deux heures.
Nous l'avons appris grâce à un document écrit glissé dans nos casiers de la part de l'Equipe de Direction qui nous informe également de l'organisation d'une demi-journée de réflexion sur la réforme du lycée. Nous allons donc nous réunir vendredi, les cours seront banalisés, pour réfléchir et préparer nos interventions.
Déjà deux camps se forment. Ceux qui comme moi pensent qu'il faut sauter sur l'occasion pour dire, raconter les expériences pédagogiques mises en place dans certaines classes, et demander les moyens en professeurs, en heures supplémentaires nécessaires et ceux qui clament que de toutes façons cela ne sert à rien d'être consultés puisque les réformes sont déjà décidées sans nous.

Bref d'un côté il y a les gens confiants, peut-être naïfs, et de l'autre les méfiants désabusés. Entre les deux, franchement j'ai choisi mon camp. De toutes façons ma position est simple : le lycée va mal, il a besoin de changement, alors soyons ouvert au changement.

Nous avons tous des propositions à faire, des expériences pédagogiques à valoriser, et une expérience d'enseignant à faire partager.

J'ai hâte d'être à vendredi, d'abord puis à mercredi 8 avril.
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dimanche 29 mars 2009

Apprentissage d'une langue étrangère -voyage scolaire

Désolée je me suis absentée longtemps et ceux qui me suivent même discrètement ont dû se demander si je n'avais pas abandonné ce blog. Eh bien qu'ils se rassurent je suis de retour après une absence due à un voyage scolaire en Allemagne et un surcroît de travail.
Je vais donc en profiter pour vous raconter l'expérience d'une langue étrangère que j'ai pu faire grâce au voyage scolaire.

Je suis enseignante d'anglais, pas d'allemand. J'ai étudié cette langue au lycée et l'ai plus ou moins abandonnée depuis. Depuis quatre ans je participe à l'échange d'une semaine que mon lycée a mis en place avec un lycée allemand. J'y ai trouvé des amis, que je revois toujours avec plaisir et j'ai aussi vécu des expériences d'élève. En effet, ce partenariat m'a donné l'occasion de réétudier cette langue et de me mettre dans la peau de nos élèves face à une langue étrangère. Si la première année fut particulièrement facilitée par mes convives qui me parlaient français, cette année en fut tout autrement car ils m'ont fait me plonger dans un bain linguistique, en immersion totale.

Les deux premiers jours, affaiblie par une intoxication alimentaire, j'entendais voler des sons sans rien distinguer des mots ou des phrases qui constituent le sens d'un message et qui permettent de le comprendre partiellement ou en entier. Ces sons ne parvenaient pas à franchir la barrière que lui opposaient mes oreilles. Ils restaient hors de moi et étrangers à toute compréhension. Pourtant dans le passé j'avais compris cette langue, globalement. J'imputais cela à ma méforme physique et à ma trop courte exposition à la langue. J'étais donc sereine, en attente, et grâce à cette confiance et sans doute à ma volonté de m'améliorer j'expérimentais peu à peu physiquement une chose extraordinaire.

Au fur et à mesure que les jours passaient je me sentais m'ouvrir, pénétrée par les mots, les structures, les réflexes propres à l'allemand et absorbais avec enthousiasme et joie tout ce que j'entendais. Je comprenais tout ou presque de ce qui se disait autour de moi. Je n'en étais même pas surprise, comme si cette langue était la mienne. Elle m'était devenue familière, presque maternelle. En même temps j'expérimentais une drôle de chose. J'étais le témoin de mes paroles. Je parlais allemand, je m'écoutais parler allemand et je faisais connaissance avec cette autre moi qui parlait, parlait parlait dans cette langue avec un bonheur que je ne dissimulais pas.Je tentais les phrases, les expressions que j'avais entendues la veille, et j'en riais toute fière de m'en souvenir et de les employer à bon escient, encouragée et félicitée par mes amis. Je répétais pour moi les mots pour leur donner le bon accent, et je me parlais, le jour, le soir au coucher et je finis par rêver en allemand, ce qui est l'ultime preuve que l'immersion est réussie.

Toute à ma joie, je réfléchissais à toutes les conditions de cette réussite.

La première est l'environnement bienveillant dont je jouissais. Mes amis allemands ainsi que mes collègues professeurs d'allemand n'hésitaient pas à répondre à mes questions sur le sens d'un mot ou d'une parole et à m'encourager. De plus ils étaient persuadés que je comprenais tout et me traitaient ainsi. Ils ne me donnaient donc pas le choix et le fait de me considérer comme bilingue me poussait à avoir confiance en moi et à oser, tout.

Voilà, aujourd'hui je me suis mise à travailler avec une méthode audio parce cette expérience a été particulièrement riche et motivante pour moi. Et je me dis que si nos élèves pouvaient eux aussi participer systématiquement à des voyages linguistiques, ils pourraient eux aussi, absorber la langue du pays, la restituer le mieux possible en gagnant confiance, enthousiasme, fierté et motivation à apprendre.
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vendredi 6 mars 2009

Correction des copies -LMC

Après les premier, deuxième et troisième billets voici celui qui va clore, provisoirement je l'espère, ce chapitre sur la correction des copies.

Utiliser un barème, qui permet d'accorder ou pas le point pour l'idée, donner des gratifications pour la justesse et la richesse de l'expression, accepter un certain nombre de fautes d'orthographe et au delà retirer un point ou deux à la copie, annoter au crayon, jamais en rouge (pour deux raisons : cela me permet de ne pas faire de ratures et je trouve la couleur rouge trop violente), enrichir les copies de conseils de révisions, de points de grammaire, et de remarques sur ce qui a été réussi, me paraît important.

Quand je corrige, je note sur une feuille à part les fautes qui reviennent le plus souvent et je propose de revoir en classe le ou les points de grammaire non assimilés qui ont provoqué ces fautes. Consigner les fautes des élèves sur des grilles individuelles et vérifier copie après copie si les fautes reviennent ou pas et partager ces grilles avec les élèves est à mon sens un travail qui nous engagent eux et nous dans une dynamique positive. Ce qui a été réussi est aussi souligné, apprécié, noté et valorisé.

Pourquoi ne noterait-on que les erreurs ? Notons aussi l’accomplissement la réussite et félicitons les élèves des progrès accomplis.

A la remise des copies, je propose à mes élèves de les relire en classe et de corriger les fautes qui ne sont que soulignées. Relever également les structures idiomatiques, le vocabulaire adéquat, l’expression juste des devoirs permet aux élèves de fixer encore mieux ces derniers. Ce travail peut se faire en groupe ou seul avec mon aide. Parfois je leur demande de refaire la rédaction et de la rendre plus tard au vu de toutes mes remarques. Soit je note cette nouvelle rédaction corrigée par eux, et je prends en compte dans la moyenne trimestrielle la meilleure note des deux, la première et celle-ci, soit j'ajoute un ou deux points à la note précédente si l'exercice est meilleur.

J'ai remarqué que la possibilité d'obtenir une meilleure note est très motivante pour les élèves.

Voilà quelques exemples de ce que je fais avec mes classes.

En tous les cas il est pour moi indispensable que la correction des copies soit un acte utile pour les élèves comme pour les professeurs, et dans certaines classes pour les parents aussi. Un devoir, un exercice évalués doivent servir à améliorer la performance, sinon ils ne servent à rien. Mesurer les progrès accomplis est à mon sens indispensable pour pouvoir progresser et progresser ensemble. Il ne faut jamais oublier que, tout comme je l’espère les élèves apprennent de moi, moi aussi le professeur, j’apprends d’eux. C’est comme cela que tout le temps consacré à la rédaction des devoirs pour les élèves et à leur correction pour les professeurs sera utilement employé. Elèves et professeurs auront ainsi la sensation que s’être privés de jeux ordinateur n’aura pas été vain.

Maintenant voyons comment envisager cela à la lumière de La Méthode Chalude de la Performance.
Le réflexe LMC consiste à reconnaître dans le mot « utile » le rôle de Manager (M) , en prise avec la réalité, qui stimule l’efficacité. Elèves comme comme professeurs tiendront compte de leur réalité, pour les élèves le devoir à rendre et pour les professeur le devoir à corriger et activeront ce rôle pour la mise en œuvre et la réalisation de ces tâches.

Les questions que nous posons à savoir :
Quel sens l’élève donne-t-il à la correction ? Quelle leçon tire-t-il de l’erreur ? Quelle image renforce-t-il de lui, du professeur, de ses capacités ?
sont liées au L, le Leader, c'est à dire à la vision que l'élève a du sens de ce qu'il fait, des images qu'il crée, des représentations qu'il a de lui-même, de la foi qu'il a en sa capacité de réussir et de la confiance qu'il accorde à ses professeurs.

Comment l’élève se sent-il durant la correction. Y trouve-t-il du plaisir ? A la fin est-il motivé, remotivé à apprendre ? Sont des questions qui appartiennent au domaine de l'affect. S'ils répondent de façon positive à ces questions alors elles démontrent le rôle de Coach de l'élève (C).




En ce qui concerne les professeurs, aborder les sessions de « correction » avec une image positive du contenu des copies, donner du sens aux corrections, (L), avoir la délicieuse sensation (C ) que tout ce travail, la cigarette aux lèvres ou le carré de chocolat en bouche sera utile (M) leur permettra de se motiver ou de se remotiver pour accomplir leur tâche d’enseignants.

Nous voyons donc que si les trois rôles, Leader (L), Manager (M), Coach(C) sont activés, pour les élèves comme pour les professeurs, la performance sera garantie.

Pour M. Chalude : « C'est comme cela que "la correction de copies" devient un "partenariat au développement continu de la performance".
Pour les erreurs concrètes, techniques, telles que la faute d'orthographe, c'est simple: bon ou mauvais, juste ou faux. Pour l'apprentissage, le désir d'acquérir des connaissances, de progresser dans la réalisation d'un projet, l'impatience d'obtenir un résultat, le système LMC facilite la vie, enrichit la collaboration et motive à réussir ENSEMBLE. Le pouvoir du professeur SUR l'élève est le pouvoir du professeur DE libérer le pouvoir DE réussir de l'élève »

Une dernière chose : cessons d’utiliser le vocable : corriger. Nous n’avons pas vocation à admonester nos élèves. Un professeur ne corrige pas un élève comme on corrige un coupable ou un criminel pour le remettre dans le droit chemin, car comme M. Chalude l'écrit:

« La notion de l'autorité qui juge et sanctionne cède la place à la compétence qui ouvre le sens, guide, explique, démontre, propose, accompagne et laisse l'élève responsable de son travail, motivé à le poursuivre et fier propriétaire de l'image qu'il se fait de son accomplissement. »
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vendredi 27 février 2009

Correction des copies- du côté des profs

Ce billet fait suite au premier et deuxième billets sur la question

Me voici installée à mon bureau, celui en acajou donné par mon beau père, la tablette de chocolat à proximité, le crayon à la main et les copies devant moi.
J’ai d’emblée éteint l’ordinateur, rangé le casque qui me permet de converser avec des amis du bout du monde sur Skype et disposé les corrections et barèmes imprimés issus de mes dossiers virtuels, prête à officier.

Ce rituel m’est obligatoire si je veux être efficace car je déteste corriger mes copies.

Mais quel enseignant un peu expérimenté aime corriger des copies ? Il n'y qu'à écouter ce qui se dit dans les salles des profs à ce propos pour comprendre que personne n'aime le faire.

En ce qui me concerne je vois plusieurs raisons à cela.


Je sais déjà que j’ai trois, quatre paquets de 35 copies et que le temps que je vais devoir consacrer à les corriger sera important.
De plus c’est un travail solitaire qui nécessite chez moi une concentration de tous les instants et me prive du lien que j’entretiens avec les autres au travers de ma messagerie et d’Internet. Je sais aussi que je ne pourrai pas sortir l’esprit tranquille et que je devrai rester confinée chez moi. L'activation spontanée du rôle de Coach ( C ) qui est le trait principal de ma personnalité fait que je refuse d’être coupée des autres trop longtemps surtout quand la tâche à accomplir ne satisfait pas mes besoins, de lien et de grand air.

Je dois donc configurer mon mental de façon à développer mon rôle de Leader (L) pour anticiper les avantages pour mes élèves et pour moi de ces corrections. Enfin je dois activer mon rôle de Manager pour me confronter à la cruelle réalité, puisqu’elle me cloue chez moi mais constitue une partie du travail pour lequel je suis rémunérée.

Mais ce n’est pas la seule raison à mon maque d’envie de m’y coller.


Il semble que si j’ai du mal à m’y mettre c’est parce que l’image que j’ai du contenu des copies de mes élèves est négative. C’est comme si je savais à l’avance que j’allais trouver de quoi être contrariée, déçue, en colère, comme si elles n’allaient déclencher que des émotions négatives en moi.

Il serait intéressant de se demander pourquoi.

Plusieurs réponses sont possibles qui correspondent à plusieurs attitudes.

L’image négative que certains enseignants ont du contenu des copies de leurs élèves est extérieure à eux. Ils pensent que leurs élèves sont incapables de bien faire parce qu’ils sont « nuls » et qu’ils le resteront toujours. Pour eux leurs élèves s’ingénient à ne pas suivre leurs précieux conseils, à ne pas assimiler les cours qu’ils dispensent et tout ceci ne provoque que frustration, colère, découragement et abandon chez ces profs. Ils sont persuadés qu’il n’y a rien à faire, que la cause est perdue.

Ces enseignants ignorent les rôles de guide, de Leader (L) qu'ils peuvent jouer auprès de leurs élèves. Ils mésestiment leur pouvoir à les influencer dans le bon sens, dans le sens de la réussite. Ils ne voient pas l’espace privilégié que représente une copie d’élèves en termes de communication. Ils ne comprennent pas l’opportunité qu’elle leur donne de s’adresser à leurs élèves individuellement. Ce sont souvent les mêmes qui clament qu’ils ne sont pas là pour se faire aimer de leurs élèves, ignorant ainsi l’importance de la relation « affective » que certains élèves recherchent.

Ma réaction est différente.
Mais l’est-elle au fond ?
La peur d’être déçue de la performance de mes élèves est sans doute ce qui me freine pour corriger mes copies. La prestation donnée étant souvent le reflet de ce que j’ai enseigné en amont, concevrais-je une angoisse d’avoir mal enseigné ? Peut-être. Porterais-je en moi la responsabilité de chaque faute, chaque erreur, chaque manquement, chaque incompréhension de mes élèves et craindre de les voir écrits sur leurs copies, signifierait-il que je suis persuadée qu’ eux comme moi sont incapables de progresser ?

Dans ce cas effectivement corriger mes élèves prend un sens négatif puisque les deux exercices, le devoir comme sa correction seraient alors l’expression de nos incompétences notoires et surtout indélébiles.

Ne rien tirer de ce constat nous fige, les élèves et moi dans un rôle de victimes, consentantes et statiques.

Si la correction d’un devoir n'est vécue par l’élève et par le prof que comme la sanction d’un savoir non assimilé, d’un savoir-faire non acquis, elle ne sert à rien.

Combien d’élèves, soucieux de connaître la note attribuée à leurs performances se contentent de ranger ou de jeter leurs copies aussitôt après avoir pris connaissance de cette dernière ? Combien de professeurs après un discours général sur la qualité des devoirs, s’arrêtent-ils à la remise des copies. Combien de professeurs se contentent de donner une note chiffrée au devoir sans explication ni conseils pour progresser.

Dans ce cas, oui, la note est la sanction, l’évaluation de la prestation, bonne, moyenne ou mauvaise, un résultat d’examen. D’ailleurs dans les examens et concours, les copies ne sont jamais rendues au candidat. Alors pourquoi rendre les copies si elles ne servent que d’évaluations chiffrées ? La note suffirait.

Si je veux que la correction de mes copies soit utile et agréable,je dois donc configurer mon mental de façon à développer mon rôle de Leader (L) pour anticiper les avantages pour mes élèves et pour moi de ces corrections. Je dois aussi activer mon rôle de Manager pour me confronter à la réalité, puisqu’elle me cloue chez moi mais constitue une partie du travail pour lequel je suis rémunérée.

Il me faut donc changer l’image du contenu des copies de mes élèves pour m’installer avec enthousiasme à mon bureau. Je dois leur témoigner une confiance en leur capacité de me surprendre, de m'étonner, de me séduire et surtout de réussir. Je dis souvent à mes élèves que j’ai besoin qu’ils m’épatent, m’amusent, me séduisent par leurs écrits. J'ajoute aussi qu’ils n'oublient jamais que tout travail écrit a vocation d'être lu par un correcteur. Il convient donc de les soigner, le travail et le correcteur.

Si je ne supporte pas de rester clouée chez moi, seule, pourquoi ne pas essayer des lieux plus conviviaux pour corriger mes copies? Une terrasse de café, la table de la salle à manger, la cuisine, la chambre de ma fille peuvent aussi faire l'affaire.

Si j'investis un autre espace pour corriger mes copies, si j'adopte une image positive de leurs contenus, alors je pourrai prendre conscience de mon pouvoir de faire progresser mes élèves par cet acte.
Corriger deviendra un plaisir, stimulé par l'anticipation de la découverte des talents de mes élèves.
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jeudi 26 février 2009

Correction des copies - Introduction à LMCP

Ce billet est la suite du premier billet consacré à la correction des copies.

Tandis que je poursuis, le plus sereinement possible, les corrections auxquelles je me suis engagée, je me vois rédiger la suite de « correction des copies » à la lumière du développement continu de la performance, P=LMC de la Méthode Chalude de la Performance.

Monsieur Chalude, le créateur de ce système, définit la Performance (P) comme le produit des 3 rôles présents en chacun de nous:

- L, pour Leader, qui représente le pouvoir d'aller de l'avant
- M, pour Manager, qui correspond à la réalité, à la situation concrète
- C, pour Coach, qui touche à la personne et à la relation humaine


Pour lui, toujours veiller à nous situer dans ce système dynamique positif nous garantit la réussite de ce que nous entreprenons : trois rôles et six vecteurs qui relient ces rôles positifs nous entraînent dans une spirale positive.

Dessiner les trois lettres et les six flèches vont m’encourager à rechercher le sens, à réfléchir aux options et à rencontrer les besoins des élèves comme ceux des enseignants. Justement quel est le sens des corrections que nous faisons du travail de nos élèves ? A quoi cela leur sert-il ?
Qui d’entre nous n’ a pas un jour vu du coin de l’œil un élève, mécontent de sa note, froisser le contrôle qu’il venait de lui rendre et sur lequel il avait passé son précieux temps pour le jeter à la poubelle.

Provoc ou dépit ?

La première des questions que nous nous posons tous, enseignants et élèves est la suivante : à quoi ça sert ?
Pour l’élève
Pour l’enseignant
Mais avant de répondre à la question essentielle à quoi ça sert il faut distinguer trois types d'attitudes face à la correction.

Typologie LMC des correcteurs

Les différentes attitudes dont nous faisons montre pour la correction de nos copies correspondent aux différents types de personnalités.

Il y a les Leaders qui s’organisent tellement bien qu’ils ont programmé les contrôles et devoirs de leurs élèves de façon à ne rien avoir à corriger pendant leurs congés et partent, l’esprit et le cartable vides, faire du ski en Bretagne ou de la voile à la montagne.

Puis il y a les Managers qui ont planifié tous les contrôles de toutes leurs classes et qui savent qu’ils consacreront deux heures par jour à la correction du devoir de la 2nde 12 et que 2 multiplié par 6 jours égal les 12 heures pile poil nécessaires à la correction.

Et enfin il y a les Coach, ceux qui n’ont pas pu faire autrement que de donner une interro avant les vacances parce que Yohann de 1ère S1 a levé la main et demandé que la dernière leçon soit testée et qu’ils ont pensé qu’il fallait le faire parce que Yohann le désirait.

Les Leaders seront tranquilles, les Managers organisés et les Coach complètement stressés et dans l’agitation pendant toutes leurs vacances.

Les Manager mettront tout en œuvre pour accomplir leur tâche pendant la première semaine et partiront faire du ski en Bretagne ou de la voile à la montagne pendant la deuxième semaine.

Les Coach auront des tas de copies la veille des vacances et partiront la valise pleine, avec l’intention de les corriger là-bas, en Égypte ou au Vietnam, entre deux excursions organisées par la la NOUVELLE FRAM ou chez leurs beaux parents en Normandie quand ces derniers aéreront les enfants entre deux averses. Ils reviendront avec leur fardeau, intact et vierge de toute remarque ou note. Il ne leur restera alors plus qu’une semaine et chaque jour sera vécu dans l’angoisse qui tour à tour les paralysera ou les agitera parce qu’ils seront tellement dispersés qu’ils auront l’impression de ne rien faire.

Les Manager qui ont tout planifié remettront les copies à leurs élèves à la date qu’ils ont prévue au retour des vacances et les Coach qui n’ont pas pu s’empêcher de tester une fois de plus les apprentissages de leurs élèves le feront peut-être aussi mais à quel prix.

Dans tous les cas les deux auront vécu cette activité comme une contrainte. Les Managers l’auront évacuée rapidement et sans états d’âme. Les autres qui remettront toujours au lendemain jusqu’au dernier moment- qui sera généralement la veille de la date butoir qu’ils se sont fixée, et qu’ils auront repoussée plus d’une fois-, auront vécu mille tortures avant d’achever ce travail.

Mais ce qui est sûr c’est que tous savent qu’il leur faudra recommencer, dans la douleur ou dans l’acceptation, dans l’agitation ou dans le calme.
Alors, merveilleux Sisyphe de l’Enseignement tous accompliront leur mission certains sans broncher et d’autres en râlant.
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