mercredi 3 juin 2009

LE RAPPORT SUR LA REFORME DU LYCEE DE M. DESCOING A M. SARKOZY

Cela s'est passé hier.
Tout d'abord pardon de m'être tenue à l'écart si longtemps de ce blog. Si je vous dis que je suis partie à Québec avec mes élèves de seconde à projet, que j'ai assuré les oraux du BTS PME-PMI, la présidence des oraux du BTS Communication des Entreprises et que j'ai fait preuve de paresse, cela suffira-il pour que vous reveniez vers moi?
Je l'espère et le souhaite car sinon comment sauriez vous ce qui s'est passé hier.

D'ailleurs, que s'est-il passé hier ?
Une information est parue, discrète, noyée par celle horrible, dramatique de l'accident de l'Airbus A 330, abîmé en mer. Il est vrai que la nouvelle de la remise du rapport sur la réforme du lycée par M. Descoing à M. Sarkozy est dérisoire comparée à cette dernière. Mais la vie continue et sur le tableau blanc véléda situé à l'entrée de la salle des profs, je lis qu'une équipe de TF1 vient interviewer à 11 heures profs et élèves ayant participé à la table ronde d'avril dernier.

Je pénètre dans la salle des profs et suis interpellée par une collègue qui m'enjoint de me porter volontaire car, dit-elle, j'adore les projecteurs. Je suis vexée par cette pique que je me force à prendre avec humour. Je décide néanmoins de privilégier mon cours ce matin. Dans cette antre des professeurs, je ressens la méfiance et l'hostilité dont nombre de collègues font montre à l'égard des médias. J'entends coupes au montage, déformation des propos pour servir les intérêts du pouvoir, et je ressens le désespoir ou le mauvais esprit, c’est selon.

Je sors et me dirige vers ma salle de cours. En chemin je rencontre Nathalie, l'initiatrice de la classe de seconde à projet qui me lance qu'il faut faire de la pub pour nos expériences innovantes. Le temps de prévenir mes élèves de mon absence et de trouver l'endroit dans lequel les interviews des profs vont être filmées, et me voilà en face du bureau du proviseur mis à la disposition du journaliste et des cameramen de TF1. J'essaie de convaincre une collègue hésitante d'aborder cet exercice avec confiance, en vain.

Le Proviseur présente les rares personnes présentes que nous sommes au journaliste qui explique qu'il veut une réaction à chaud au rapport sur la réforme du lycée. Nous sommes d'accord pour décliner son invitation, car nous n'avons pas lu le rapport, et pour cause, il paraît aujourd'hui.

Professionnel, il nous interroge alors sur ce que les grands axes connus et abordés dans le rapport auraient oublié. Le chef des travaux du LEP parle du manque de spécialistes de la maintenance informatique dans notre lycée puisqu'elle est assurée par un professeur déchargé de quelques heures de cours.

En conséquence notre parc informatique n'est jamais opérationnel dans son intégralité car les ordinateurs sont souvent en panne et non réparés. Il est donc impossible pour les professeur d'utiliser cet outil avec une classe ou une demi-classe.

Puis vient mon tour. Je répète ce dont je suis convaincue. J'exprime avec conviction qu’aucun des rapports ne se penche sur ce qui est fondamental à mon sens : la formation et la formation continue des profs. Oui il faut se préoccuper de mieux orienter les élèves, oui il faut équilibrer les filières mais le quotidien d'un élève est ce qui va être déterminant dans sa réussite. Combien d'élèves n'avons nous pas entendu dire, à juste titre, que tel ou tel professeur l'a dégoûté de la matière ? Bien sûr il faut être prudent, mais nous savons tous, la direction y compris, que certains profs ont besoin d'être aidés, qu'ils s'y prennent mal et ainsi obtiennent tout le contraire de ce pour quoi ils œuvrent.

Qui forme les jeunes enseignants en pédagogie ? Qui les guident sur le terrain ? Qui répond aux besoins des professeurs quand ils ne peuvent pas ou plus gérer leurs classes, les conflits avec leurs élèves ?
Personne.

Pour qu'un enseignant puisse amener ses élèves à la réussite il doit activer perpétuellement trois rôles. Il doit être Leader (L) c’est à dire avoir une vision, faire progresser sa classe vers des savoirs et des savoir-faire, dans le respect du programme, Manager, (M), organiser les cours, l'année scolaire, le travail des élèves et Coach (C), établir et maintenir des relations avec ses élèves.

Si l'un des trois rôles n'est pas activé, c'est l'échec. Un professeur qui ne saurait pas où il va, qui n'aurait pas une vue globale de ce que ses élèves doivent apprendre et savoir rendrait vite ses élèves insécures.

Celui qui serait brouillon, qui ne donnerait aucune consigne précise à ses élèves qui ne "les ferait pas travailler" serait vite découvert et pris pour un fumiste.

Et enfin celui qui ne s'intéresserait pas aux personnes dont il a la charge ne serait pas respecté car ses élèves ne se sentiraient pas non plus respectés.

Nous sommes tous porteurs d’au moins une de ces trois caractéristiques. Si nous sommes complets tout le temps, alors nous sommes parfaits et il ne nous reste plus qu'à veiller à faire activer ces rôles chez nous et chez nos élèves de façon continue pour toujours aller de l'avant ensemble. Si nous avons des manques nous devons d'abord en prendre conscience pour ensuite chercher à les combler.
Si spontanément je suis un professeur engagé dans la relation avec mes élèves mais dépourvu du sens de l'organisation ma classe ne fonctionnera pas correctement et moi non plus. Je dois donc veiller à développer ces qualités et activer les trois rôles perpétuellement.


Voilà à mon sens une des clés de la réussite, la notre et celle de nos élèves qui, malheureusement est trop souvent ignorée.

Pour que vous puissiez vous aussi voir et entendre ce qui s'est passé hier, voici le podcast du journal de 13h d'hier, (cliquez sur la partie en vert) dans lequel on peut voir nos CPE, des élèves du conseil de la vie lycéenne, nos élèves de seconde à projet travailler sur l'exposition qu'ils préparent sur notre voyage à Québec avec Nathalie, trois de ces élèves sont interviewés, et l'unique interview de professeurs car les autres ont été coupées au montage.

Désolée pour la pub au début du JT.
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samedi 11 avril 2009

Messieurs Sarkozy, Descoings et Darcos au lycée Champlain par Marie-Laure Aboulker


Mercredi 8 avril je suis débordée, débordée et stressée.

Le matin notre Proviseur adjoint me demande de présenter l'expérience Enseigner autrement reconduite cette année en classe de seconde pendant la table ronde programmée cette après midi même avec M. Descoings à 15h. J'ai cours toute la matinée jusqu'à 13h et ai prévu de faire les dernières courses nécessaires à l'élaboration du premier Séder de Pessah, entre les deux. Pas de panique, je maîtrise l'expérience, je devrais arriver à en parler sans grande préparation.

Cette consultation nationale est un événement sans précédent en France. Je compte bien y assister et présenter Enseigner autrement à M. Descoings. L'occasion m'est donnée de faire connaître La Méthode Chalude de la Performance et de partager tout ce que j'en tire de positif dans ma pratique pédagogique.

Je fais mes courses, rentre sans tarder chez moi, et imprime tous les documents relatifs à Enseigner autrement pour me préparer d'une part, et d'autre part pour constituer un dossier à remettre à M. Descoings.

Beaucoup moins stressée maintenant mais toujours aussi débordée, je retourne au lycée, sans savoir ce qui m'attend...

L'endroit choisi pour la table ronde est l'un des réfectoires du lycée et je m'y installe avec Nathalie, la collègue à l'origine de la classe de seconde expérimentale, à laquelle je participe aussi et que nous avons appelée : World Tour. Nathalie a pour mission de mentionner toutes les expériences innovantes faites au lycée et de me laisser ensuite la parole pour que j'expose la mienne.

L'agitation, la présence de messieurs-costumes-foncés, oreillettes et cordons zigzagant au cou, les joues et le crâne rougis de notre Proviseur, nous font pressentir que Monsieur Descoings n'est pas venu seul.

En effet, l'accompagnent Xavier Darcos, notre ministre et Nicolas Sarkozy, notre président. En un temps record, alors que je n'ai pas terminé ma conversation avec ma voisine Conseillère en Formation Continue, ces trois hommes prennent place à un mètre de nous sur des chaises d'école. Notre proviseur, maintenant grenat, prend la parole pour saluer la visite surprise du Président et déclare le forum ouvert.

Monsieur Descoings reprend le flambeau puis un élève du lycée attaque aussitôt, le micro que Cyril Delaye, le conseiller du chargé de mission pour la réforme du lycée lui a tendu, à la main. Le débat est lancé.

Nicolas Sarkozy écoute la question de l'élève et M. Descoings y répondre en un développement argumenté qui me fait craindre que ce forum ne soit qu'un long monologue et non pas l'échange prévu.
Mais je me trompe.

Les questions des élèves se suivent et Richard Descoings prend son temps pour y répondre en parlant : "sous le contrôle de Monsieur le Président" qui est attentif et sage. Mais il ne résiste pas longtemps à l'envie de s'exprimer, et sans notes et dans une posture décontractée qui témoigne d'une grande habitude à parler en public, il apporte des réponses, donne des informations, exprime des convictions. Très vite, l'assemblée ne s'adresse plus qu'à lui et oublie la présence de Richard Décoings et celle de Xavier Darcos. L'inconfort des chaises de cantine ne semble pas gêner M. Sarkozy qui parle avec passion et : "sous le contrôle de Monsieur Descoings." Il se montre attentif aux personnes présentes, sympathique, et semble très bien connaître son dossier.

Quant à Xavier Darcos personne n'aura l'occasion d'entendre le son de sa voix sauf notre Proviseur que je surprends à bavarder avec lui alors que le président est en train de parler(!).

Les questions, les interventions de parents d'élèves, les interpellations des collègues, les doutes, les craintes, les remarques des élèves, des enseignants et des autres intervenants font écho aux réponses, aux propos rassurants, fermes, aux conseils aux élèves et aux précautions oratoires du président vis à vis du corps enseignant.

Nous avions voulu que la consultation se passe en plusieurs temps et sans langue de bois. Les élèves volontaires avaient préparé leurs questions, les enseignants volontaires certaines interventions. D'autres interventions étaient plus spontanées, parfois plus "agressives" mais toujours extrêmement courtoises.
Une trentaine de thèmes a été abordée : l'absentéisme croissant et de plus en plus ingérable des élèves dès la seconde par le Conseiller Principal d'Education, l'inégalité financière entre les élèves dans la participation aux voyages scolaires, les mauvaises conditions de travail des enseignants et des élèves, la quasi-inexistence d'une politique de gestion de la santé des enseignants, la délicate question du rôle des entreprises à l'école, les stages, les filières, l'orientation, la préparation des élèves au baccalauréat, l'autonomie des établissements, l'organisation du temps scolaire, l'apprentissage des langues étrangères etc...

Et puis à mon tour je prends la parole et je soulève la question à mon sens cruciale de la formation et de la formation continue des enseignants. Nous sommes la seule corporation à ne pas bénéficier d'une véritable formation prodiguée par des spécialistes. Et je raconte à Monsieur Sarkozy que quand appuyée par ma direction j'ai sollicité une aide négociée, c'est à dire une formation collective à laquelle ont souscrit 25 collègues l'année dernière, la réponse d'abord positive est devenue bizarrement négative quand il s'est agit de rémunérer le formateur spécialiste Michel Chalude extérieur à l’Education Nationale à sa juste valeur.

J'ajoute que pour réussir il faut des élèves et des enseignants heureux et que le plaisir d'enseigner doit rencontrer le plaisir d'apprendre.
Plus tard Monsieur Sarkozy, est interpellé par un élève sur la notion de plaisir et déclare que c'est de l'effort que provient le plaisir.

Malheureusement ce discours ne convainc plus les élèves d'aujourd'hui. Il est inefficace pour la grande majorité d'entre eux car il est incomplet. Si pour certains l'effort est naturel car ils savent par expérience qu'au bout ils rencontreront les résultats escomptés et en tireront fierté et plaisir, d'autres doivent en être convaincus a priori. Comment donc les convaincre si ce n'est en leur proposant des activités qui les touchent et leur font plaisir ?

Le plaisir qu'un élève pensera trouver dans un travail le poussera à effectuer ce travail qui pourra ainsi lui donner du plaisir.
Cela s'appelle la MOTIVATION. Sans motivation pas de travail efficace et durable. Il nous faut donc proposer du plaisir à nos élèves pour qu'ils fassent les efforts qui leur procureront du plaisir, et ainsi de suite. CQFD.

Ainsi peu à peu ils intègreront par expérience que les efforts procurent du plaisir et accepteront avec enthousiasme des activités et des apprentissages plus "difficiles" car ils auront foi en la réussite de ce qu'ils entreprendront.

D'après Michel Chalude et son modèle : "le plaisir vient après l'effort", "la foi vient avant l'effort" et le deuxième souffle vient pendant l'effort"
L : l'image positive de l'avenir: j'y crois. Ceci représente, au départ, la foi que je vais réaliser quelque chose d'important.
M : la discipline de travail, le rythme de production quelque peu mécanique, "il faut mettre un mot devant l'autre et recommencer" pas à pas. Ceci correspond au deuxième souffle.
C : le plaisir de se détendre, le désir d'innover, l'envie d'évoluer, de grandir encore ou de faire grandir. Ceci relance la motivation jusqu'à la réussite finale.

C'est tout le sens de ma démarche d'enseignante et de mon expérience Enseigner autrement.

Il est 17 heures passées, Monsieur Sarkozy doit partir, il répond à une dernière question et, semble-t-il satisfait, nous quitte.
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mardi 31 mars 2009

Richard Descoings et la Réforme des Lycées

Richard Descoings vient dans mon lycée. Dans un billet précédent je l'annonçais, aujourd'hui ou plus exactement mercredi 8, M. Descoings et son équipe viennent nous rencontrer pendant deux heures.
Nous l'avons appris grâce à un document écrit glissé dans nos casiers de la part de l'Equipe de Direction qui nous informe également de l'organisation d'une demi-journée de réflexion sur la réforme du lycée. Nous allons donc nous réunir vendredi, les cours seront banalisés, pour réfléchir et préparer nos interventions.
Déjà deux camps se forment. Ceux qui comme moi pensent qu'il faut sauter sur l'occasion pour dire, raconter les expériences pédagogiques mises en place dans certaines classes, et demander les moyens en professeurs, en heures supplémentaires nécessaires et ceux qui clament que de toutes façons cela ne sert à rien d'être consultés puisque les réformes sont déjà décidées sans nous.

Bref d'un côté il y a les gens confiants, peut-être naïfs, et de l'autre les méfiants désabusés. Entre les deux, franchement j'ai choisi mon camp. De toutes façons ma position est simple : le lycée va mal, il a besoin de changement, alors soyons ouvert au changement.

Nous avons tous des propositions à faire, des expériences pédagogiques à valoriser, et une expérience d'enseignant à faire partager.

J'ai hâte d'être à vendredi, d'abord puis à mercredi 8 avril.
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dimanche 29 mars 2009

Apprentissage d'une langue étrangère -voyage scolaire

Désolée je me suis absentée longtemps et ceux qui me suivent même discrètement ont dû se demander si je n'avais pas abandonné ce blog. Eh bien qu'ils se rassurent je suis de retour après une absence due à un voyage scolaire en Allemagne et un surcroît de travail.
Je vais donc en profiter pour vous raconter l'expérience d'une langue étrangère que j'ai pu faire grâce au voyage scolaire.

Je suis enseignante d'anglais, pas d'allemand. J'ai étudié cette langue au lycée et l'ai plus ou moins abandonnée depuis. Depuis quatre ans je participe à l'échange d'une semaine que mon lycée a mis en place avec un lycée allemand. J'y ai trouvé des amis, que je revois toujours avec plaisir et j'ai aussi vécu des expériences d'élève. En effet, ce partenariat m'a donné l'occasion de réétudier cette langue et de me mettre dans la peau de nos élèves face à une langue étrangère. Si la première année fut particulièrement facilitée par mes convives qui me parlaient français, cette année en fut tout autrement car ils m'ont fait me plonger dans un bain linguistique, en immersion totale.

Les deux premiers jours, affaiblie par une intoxication alimentaire, j'entendais voler des sons sans rien distinguer des mots ou des phrases qui constituent le sens d'un message et qui permettent de le comprendre partiellement ou en entier. Ces sons ne parvenaient pas à franchir la barrière que lui opposaient mes oreilles. Ils restaient hors de moi et étrangers à toute compréhension. Pourtant dans le passé j'avais compris cette langue, globalement. J'imputais cela à ma méforme physique et à ma trop courte exposition à la langue. J'étais donc sereine, en attente, et grâce à cette confiance et sans doute à ma volonté de m'améliorer j'expérimentais peu à peu physiquement une chose extraordinaire.

Au fur et à mesure que les jours passaient je me sentais m'ouvrir, pénétrée par les mots, les structures, les réflexes propres à l'allemand et absorbais avec enthousiasme et joie tout ce que j'entendais. Je comprenais tout ou presque de ce qui se disait autour de moi. Je n'en étais même pas surprise, comme si cette langue était la mienne. Elle m'était devenue familière, presque maternelle. En même temps j'expérimentais une drôle de chose. J'étais le témoin de mes paroles. Je parlais allemand, je m'écoutais parler allemand et je faisais connaissance avec cette autre moi qui parlait, parlait parlait dans cette langue avec un bonheur que je ne dissimulais pas.Je tentais les phrases, les expressions que j'avais entendues la veille, et j'en riais toute fière de m'en souvenir et de les employer à bon escient, encouragée et félicitée par mes amis. Je répétais pour moi les mots pour leur donner le bon accent, et je me parlais, le jour, le soir au coucher et je finis par rêver en allemand, ce qui est l'ultime preuve que l'immersion est réussie.

Toute à ma joie, je réfléchissais à toutes les conditions de cette réussite.

La première est l'environnement bienveillant dont je jouissais. Mes amis allemands ainsi que mes collègues professeurs d'allemand n'hésitaient pas à répondre à mes questions sur le sens d'un mot ou d'une parole et à m'encourager. De plus ils étaient persuadés que je comprenais tout et me traitaient ainsi. Ils ne me donnaient donc pas le choix et le fait de me considérer comme bilingue me poussait à avoir confiance en moi et à oser, tout.

Voilà, aujourd'hui je me suis mise à travailler avec une méthode audio parce cette expérience a été particulièrement riche et motivante pour moi. Et je me dis que si nos élèves pouvaient eux aussi participer systématiquement à des voyages linguistiques, ils pourraient eux aussi, absorber la langue du pays, la restituer le mieux possible en gagnant confiance, enthousiasme, fierté et motivation à apprendre.
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vendredi 6 mars 2009

Correction des copies -LMC

Après les premier, deuxième et troisième billets voici celui qui va clore, provisoirement je l'espère, ce chapitre sur la correction des copies.

Utiliser un barème, qui permet d'accorder ou pas le point pour l'idée, donner des gratifications pour la justesse et la richesse de l'expression, accepter un certain nombre de fautes d'orthographe et au delà retirer un point ou deux à la copie, annoter au crayon, jamais en rouge (pour deux raisons : cela me permet de ne pas faire de ratures et je trouve la couleur rouge trop violente), enrichir les copies de conseils de révisions, de points de grammaire, et de remarques sur ce qui a été réussi, me paraît important.

Quand je corrige, je note sur une feuille à part les fautes qui reviennent le plus souvent et je propose de revoir en classe le ou les points de grammaire non assimilés qui ont provoqué ces fautes. Consigner les fautes des élèves sur des grilles individuelles et vérifier copie après copie si les fautes reviennent ou pas et partager ces grilles avec les élèves est à mon sens un travail qui nous engagent eux et nous dans une dynamique positive. Ce qui a été réussi est aussi souligné, apprécié, noté et valorisé.

Pourquoi ne noterait-on que les erreurs ? Notons aussi l’accomplissement la réussite et félicitons les élèves des progrès accomplis.

A la remise des copies, je propose à mes élèves de les relire en classe et de corriger les fautes qui ne sont que soulignées. Relever également les structures idiomatiques, le vocabulaire adéquat, l’expression juste des devoirs permet aux élèves de fixer encore mieux ces derniers. Ce travail peut se faire en groupe ou seul avec mon aide. Parfois je leur demande de refaire la rédaction et de la rendre plus tard au vu de toutes mes remarques. Soit je note cette nouvelle rédaction corrigée par eux, et je prends en compte dans la moyenne trimestrielle la meilleure note des deux, la première et celle-ci, soit j'ajoute un ou deux points à la note précédente si l'exercice est meilleur.

J'ai remarqué que la possibilité d'obtenir une meilleure note est très motivante pour les élèves.

Voilà quelques exemples de ce que je fais avec mes classes.

En tous les cas il est pour moi indispensable que la correction des copies soit un acte utile pour les élèves comme pour les professeurs, et dans certaines classes pour les parents aussi. Un devoir, un exercice évalués doivent servir à améliorer la performance, sinon ils ne servent à rien. Mesurer les progrès accomplis est à mon sens indispensable pour pouvoir progresser et progresser ensemble. Il ne faut jamais oublier que, tout comme je l’espère les élèves apprennent de moi, moi aussi le professeur, j’apprends d’eux. C’est comme cela que tout le temps consacré à la rédaction des devoirs pour les élèves et à leur correction pour les professeurs sera utilement employé. Elèves et professeurs auront ainsi la sensation que s’être privés de jeux ordinateur n’aura pas été vain.

Maintenant voyons comment envisager cela à la lumière de La Méthode Chalude de la Performance.
Le réflexe LMC consiste à reconnaître dans le mot « utile » le rôle de Manager (M) , en prise avec la réalité, qui stimule l’efficacité. Elèves comme comme professeurs tiendront compte de leur réalité, pour les élèves le devoir à rendre et pour les professeur le devoir à corriger et activeront ce rôle pour la mise en œuvre et la réalisation de ces tâches.

Les questions que nous posons à savoir :
Quel sens l’élève donne-t-il à la correction ? Quelle leçon tire-t-il de l’erreur ? Quelle image renforce-t-il de lui, du professeur, de ses capacités ?
sont liées au L, le Leader, c'est à dire à la vision que l'élève a du sens de ce qu'il fait, des images qu'il crée, des représentations qu'il a de lui-même, de la foi qu'il a en sa capacité de réussir et de la confiance qu'il accorde à ses professeurs.

Comment l’élève se sent-il durant la correction. Y trouve-t-il du plaisir ? A la fin est-il motivé, remotivé à apprendre ? Sont des questions qui appartiennent au domaine de l'affect. S'ils répondent de façon positive à ces questions alors elles démontrent le rôle de Coach de l'élève (C).




En ce qui concerne les professeurs, aborder les sessions de « correction » avec une image positive du contenu des copies, donner du sens aux corrections, (L), avoir la délicieuse sensation (C ) que tout ce travail, la cigarette aux lèvres ou le carré de chocolat en bouche sera utile (M) leur permettra de se motiver ou de se remotiver pour accomplir leur tâche d’enseignants.

Nous voyons donc que si les trois rôles, Leader (L), Manager (M), Coach(C) sont activés, pour les élèves comme pour les professeurs, la performance sera garantie.

Pour M. Chalude : « C'est comme cela que "la correction de copies" devient un "partenariat au développement continu de la performance".
Pour les erreurs concrètes, techniques, telles que la faute d'orthographe, c'est simple: bon ou mauvais, juste ou faux. Pour l'apprentissage, le désir d'acquérir des connaissances, de progresser dans la réalisation d'un projet, l'impatience d'obtenir un résultat, le système LMC facilite la vie, enrichit la collaboration et motive à réussir ENSEMBLE. Le pouvoir du professeur SUR l'élève est le pouvoir du professeur DE libérer le pouvoir DE réussir de l'élève »

Une dernière chose : cessons d’utiliser le vocable : corriger. Nous n’avons pas vocation à admonester nos élèves. Un professeur ne corrige pas un élève comme on corrige un coupable ou un criminel pour le remettre dans le droit chemin, car comme M. Chalude l'écrit:

« La notion de l'autorité qui juge et sanctionne cède la place à la compétence qui ouvre le sens, guide, explique, démontre, propose, accompagne et laisse l'élève responsable de son travail, motivé à le poursuivre et fier propriétaire de l'image qu'il se fait de son accomplissement. »
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vendredi 27 février 2009

Correction des copies- du côté des profs

Ce billet fait suite au premier et deuxième billets sur la question

Me voici installée à mon bureau, celui en acajou donné par mon beau père, la tablette de chocolat à proximité, le crayon à la main et les copies devant moi.
J’ai d’emblée éteint l’ordinateur, rangé le casque qui me permet de converser avec des amis du bout du monde sur Skype et disposé les corrections et barèmes imprimés issus de mes dossiers virtuels, prête à officier.

Ce rituel m’est obligatoire si je veux être efficace car je déteste corriger mes copies.

Mais quel enseignant un peu expérimenté aime corriger des copies ? Il n'y qu'à écouter ce qui se dit dans les salles des profs à ce propos pour comprendre que personne n'aime le faire.

En ce qui me concerne je vois plusieurs raisons à cela.


Je sais déjà que j’ai trois, quatre paquets de 35 copies et que le temps que je vais devoir consacrer à les corriger sera important.
De plus c’est un travail solitaire qui nécessite chez moi une concentration de tous les instants et me prive du lien que j’entretiens avec les autres au travers de ma messagerie et d’Internet. Je sais aussi que je ne pourrai pas sortir l’esprit tranquille et que je devrai rester confinée chez moi. L'activation spontanée du rôle de Coach ( C ) qui est le trait principal de ma personnalité fait que je refuse d’être coupée des autres trop longtemps surtout quand la tâche à accomplir ne satisfait pas mes besoins, de lien et de grand air.

Je dois donc configurer mon mental de façon à développer mon rôle de Leader (L) pour anticiper les avantages pour mes élèves et pour moi de ces corrections. Enfin je dois activer mon rôle de Manager pour me confronter à la cruelle réalité, puisqu’elle me cloue chez moi mais constitue une partie du travail pour lequel je suis rémunérée.

Mais ce n’est pas la seule raison à mon maque d’envie de m’y coller.


Il semble que si j’ai du mal à m’y mettre c’est parce que l’image que j’ai du contenu des copies de mes élèves est négative. C’est comme si je savais à l’avance que j’allais trouver de quoi être contrariée, déçue, en colère, comme si elles n’allaient déclencher que des émotions négatives en moi.

Il serait intéressant de se demander pourquoi.

Plusieurs réponses sont possibles qui correspondent à plusieurs attitudes.

L’image négative que certains enseignants ont du contenu des copies de leurs élèves est extérieure à eux. Ils pensent que leurs élèves sont incapables de bien faire parce qu’ils sont « nuls » et qu’ils le resteront toujours. Pour eux leurs élèves s’ingénient à ne pas suivre leurs précieux conseils, à ne pas assimiler les cours qu’ils dispensent et tout ceci ne provoque que frustration, colère, découragement et abandon chez ces profs. Ils sont persuadés qu’il n’y a rien à faire, que la cause est perdue.

Ces enseignants ignorent les rôles de guide, de Leader (L) qu'ils peuvent jouer auprès de leurs élèves. Ils mésestiment leur pouvoir à les influencer dans le bon sens, dans le sens de la réussite. Ils ne voient pas l’espace privilégié que représente une copie d’élèves en termes de communication. Ils ne comprennent pas l’opportunité qu’elle leur donne de s’adresser à leurs élèves individuellement. Ce sont souvent les mêmes qui clament qu’ils ne sont pas là pour se faire aimer de leurs élèves, ignorant ainsi l’importance de la relation « affective » que certains élèves recherchent.

Ma réaction est différente.
Mais l’est-elle au fond ?
La peur d’être déçue de la performance de mes élèves est sans doute ce qui me freine pour corriger mes copies. La prestation donnée étant souvent le reflet de ce que j’ai enseigné en amont, concevrais-je une angoisse d’avoir mal enseigné ? Peut-être. Porterais-je en moi la responsabilité de chaque faute, chaque erreur, chaque manquement, chaque incompréhension de mes élèves et craindre de les voir écrits sur leurs copies, signifierait-il que je suis persuadée qu’ eux comme moi sont incapables de progresser ?

Dans ce cas effectivement corriger mes élèves prend un sens négatif puisque les deux exercices, le devoir comme sa correction seraient alors l’expression de nos incompétences notoires et surtout indélébiles.

Ne rien tirer de ce constat nous fige, les élèves et moi dans un rôle de victimes, consentantes et statiques.

Si la correction d’un devoir n'est vécue par l’élève et par le prof que comme la sanction d’un savoir non assimilé, d’un savoir-faire non acquis, elle ne sert à rien.

Combien d’élèves, soucieux de connaître la note attribuée à leurs performances se contentent de ranger ou de jeter leurs copies aussitôt après avoir pris connaissance de cette dernière ? Combien de professeurs après un discours général sur la qualité des devoirs, s’arrêtent-ils à la remise des copies. Combien de professeurs se contentent de donner une note chiffrée au devoir sans explication ni conseils pour progresser.

Dans ce cas, oui, la note est la sanction, l’évaluation de la prestation, bonne, moyenne ou mauvaise, un résultat d’examen. D’ailleurs dans les examens et concours, les copies ne sont jamais rendues au candidat. Alors pourquoi rendre les copies si elles ne servent que d’évaluations chiffrées ? La note suffirait.

Si je veux que la correction de mes copies soit utile et agréable,je dois donc configurer mon mental de façon à développer mon rôle de Leader (L) pour anticiper les avantages pour mes élèves et pour moi de ces corrections. Je dois aussi activer mon rôle de Manager pour me confronter à la réalité, puisqu’elle me cloue chez moi mais constitue une partie du travail pour lequel je suis rémunérée.

Il me faut donc changer l’image du contenu des copies de mes élèves pour m’installer avec enthousiasme à mon bureau. Je dois leur témoigner une confiance en leur capacité de me surprendre, de m'étonner, de me séduire et surtout de réussir. Je dis souvent à mes élèves que j’ai besoin qu’ils m’épatent, m’amusent, me séduisent par leurs écrits. J'ajoute aussi qu’ils n'oublient jamais que tout travail écrit a vocation d'être lu par un correcteur. Il convient donc de les soigner, le travail et le correcteur.

Si je ne supporte pas de rester clouée chez moi, seule, pourquoi ne pas essayer des lieux plus conviviaux pour corriger mes copies? Une terrasse de café, la table de la salle à manger, la cuisine, la chambre de ma fille peuvent aussi faire l'affaire.

Si j'investis un autre espace pour corriger mes copies, si j'adopte une image positive de leurs contenus, alors je pourrai prendre conscience de mon pouvoir de faire progresser mes élèves par cet acte.
Corriger deviendra un plaisir, stimulé par l'anticipation de la découverte des talents de mes élèves.
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jeudi 26 février 2009

Correction des copies - Introduction à LMCP

Ce billet est la suite du premier billet consacré à la correction des copies.

Tandis que je poursuis, le plus sereinement possible, les corrections auxquelles je me suis engagée, je me vois rédiger la suite de « correction des copies » à la lumière du développement continu de la performance, P=LMC de la Méthode Chalude de la Performance.

Monsieur Chalude, le créateur de ce système, définit la Performance (P) comme le produit des 3 rôles présents en chacun de nous:

- L, pour Leader, qui représente le pouvoir d'aller de l'avant
- M, pour Manager, qui correspond à la réalité, à la situation concrète
- C, pour Coach, qui touche à la personne et à la relation humaine


Pour lui, toujours veiller à nous situer dans ce système dynamique positif nous garantit la réussite de ce que nous entreprenons : trois rôles et six vecteurs qui relient ces rôles positifs nous entraînent dans une spirale positive.

Dessiner les trois lettres et les six flèches vont m’encourager à rechercher le sens, à réfléchir aux options et à rencontrer les besoins des élèves comme ceux des enseignants. Justement quel est le sens des corrections que nous faisons du travail de nos élèves ? A quoi cela leur sert-il ?
Qui d’entre nous n’ a pas un jour vu du coin de l’œil un élève, mécontent de sa note, froisser le contrôle qu’il venait de lui rendre et sur lequel il avait passé son précieux temps pour le jeter à la poubelle.

Provoc ou dépit ?

La première des questions que nous nous posons tous, enseignants et élèves est la suivante : à quoi ça sert ?
Pour l’élève
Pour l’enseignant
Mais avant de répondre à la question essentielle à quoi ça sert il faut distinguer trois types d'attitudes face à la correction.

Typologie LMC des correcteurs

Les différentes attitudes dont nous faisons montre pour la correction de nos copies correspondent aux différents types de personnalités.

Il y a les Leaders qui s’organisent tellement bien qu’ils ont programmé les contrôles et devoirs de leurs élèves de façon à ne rien avoir à corriger pendant leurs congés et partent, l’esprit et le cartable vides, faire du ski en Bretagne ou de la voile à la montagne.

Puis il y a les Managers qui ont planifié tous les contrôles de toutes leurs classes et qui savent qu’ils consacreront deux heures par jour à la correction du devoir de la 2nde 12 et que 2 multiplié par 6 jours égal les 12 heures pile poil nécessaires à la correction.

Et enfin il y a les Coach, ceux qui n’ont pas pu faire autrement que de donner une interro avant les vacances parce que Yohann de 1ère S1 a levé la main et demandé que la dernière leçon soit testée et qu’ils ont pensé qu’il fallait le faire parce que Yohann le désirait.

Les Leaders seront tranquilles, les Managers organisés et les Coach complètement stressés et dans l’agitation pendant toutes leurs vacances.

Les Manager mettront tout en œuvre pour accomplir leur tâche pendant la première semaine et partiront faire du ski en Bretagne ou de la voile à la montagne pendant la deuxième semaine.

Les Coach auront des tas de copies la veille des vacances et partiront la valise pleine, avec l’intention de les corriger là-bas, en Égypte ou au Vietnam, entre deux excursions organisées par la la NOUVELLE FRAM ou chez leurs beaux parents en Normandie quand ces derniers aéreront les enfants entre deux averses. Ils reviendront avec leur fardeau, intact et vierge de toute remarque ou note. Il ne leur restera alors plus qu’une semaine et chaque jour sera vécu dans l’angoisse qui tour à tour les paralysera ou les agitera parce qu’ils seront tellement dispersés qu’ils auront l’impression de ne rien faire.

Les Manager qui ont tout planifié remettront les copies à leurs élèves à la date qu’ils ont prévue au retour des vacances et les Coach qui n’ont pas pu s’empêcher de tester une fois de plus les apprentissages de leurs élèves le feront peut-être aussi mais à quel prix.

Dans tous les cas les deux auront vécu cette activité comme une contrainte. Les Managers l’auront évacuée rapidement et sans états d’âme. Les autres qui remettront toujours au lendemain jusqu’au dernier moment- qui sera généralement la veille de la date butoir qu’ils se sont fixée, et qu’ils auront repoussée plus d’une fois-, auront vécu mille tortures avant d’achever ce travail.

Mais ce qui est sûr c’est que tous savent qu’il leur faudra recommencer, dans la douleur ou dans l’acceptation, dans l’agitation ou dans le calme.
Alors, merveilleux Sisyphe de l’Enseignement tous accompliront leur mission certains sans broncher et d’autres en râlant.
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mercredi 25 février 2009

Un nouveau mobilier pour nos élèves ?

Et s'il fallait que nous changions le mobilier des salles de classe pour que nos élèves puissent trouver la position idéale pour être plus attentifs?

Voici ce que je lis dans le New York Times et qui vaut la peine que l'on s'y arrête.

Dans une école primaire du Minnesota, USA, un professeur des écoles a conçu, fait financer et installer pour la deuxième année consécutive, dans sa classe de nouveaux sièges "assis-debout" avec leurs bureaux assortis à l’usage de ses jeunes élèves.

Le principe est simple : il s'agit pour l'élève de choisir sa position de confort pendant les cours, position qui peut varier. Il peut se tenir debout, utiliser le repose pied ou rester assis s'il le désire .

L'installation de ces nouveaux bureaux et de leurs sièges a pour origine le constat par cette enseignante que la liberté de ses élèves en matière de posture les rend plus attentifs. Elle se base aussi sur les travaux du Docteur en médecine James Levine, chercheur de la clinique Mayo.

Ce nouvel aménagement fait l'objet d’une expérience dans plusieurs écoles du coin et séduit de plus en plus d’écoles dans le pays.

En effet une autre enseignante déclare que depuis que ce nouveau mobilier a été adopté dans sa classe, aucun élève ne se tient la tête penchée sur son bureau comme cela pouvait être le cas avec des bureaux traditionnels. Au contraire, dit-elle, ils sont tout le temps en éveil. Elle ajoute que pour elle aussi les positions de ses élèves rendent confortables ses interventions auprès d'eux puisqu'elle ne doit plus se pencher pour lire leurs travaux.

Pour les spécialistes de l’éducation, les avantages pour l’élève d’une telle innovation sont doubles. D’une part ne plus avoir à s'appliquer à ne pas remuer en classe permet à l’élève de mieux se concentrer sur son travail, d’autre part pouvoir bouger à sa table de travail lui permet de lutter contre l’obésité et pallier la diminution du temps de récréation accordée aux élèves.

Pour l’instant les résultats de cette expérience ne sont pas encore publiés et si elle a des détracteurs, elle fait l'unanimité des spécialistes de l’enseignement comme des autres, pour preuve les réactions trouvées sur le forum proposé après l’article daté du 24 février 2009.
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mardi 17 février 2009

Correction des copies

Sisyphe faisant rouler son rocher.

C’est le premier jour des vacances de printemps. Me voici installée à mon bureau (acajou, récupéré dans le grenier de mon beau-père). Comme toutes les vacances scolaires, exceptées celles de fin d’année, je dois effectuer mon pensum : la correction des copies. C’est notre lot, à nous enseignants, de ne jamais vraiment déconnecter pendant nos congés. En plaisantant, à ceux qui me demandent avec ironie si je suis en vacances ou en grève, je réponds que je ne suis jamais en vacances mais au chômage technique. Enseigner dans une salle de classe vide ne rime à rien. Pas d’élève égale absence de travail sur site, dirais-je, mais n’empêche pas le labeur continuel, dans la tête et à la maison.

Souvent pour de longues heures, ponctuées de bouffées de cigarettes pour les uns, de gavage de chocolat pour les autres, l’enseignant corrige des copies. « Que de ratures, c’est illisible, je serai bon prince, … ?...., il ne progresse décidément pas, quelle confusion ! ….» se dit-il.

Tandis que les copies s’ornent de multiples traits tracés au crayon, les questions se bousculent en moi : pourquoi tant de fautes ? Mon enseignement est-il si mauvais ? Pourquoi ce pensum ? Mes corrections vont-elles être utiles ? Pourquoi dois-je passer mes vacances à corriger les erreurs des autres ? N’est-ce pas aux élèves à assumer le résultat de leur travail ? »…

Bondissant de copies en copies, je suis surprise par les élèves au regard vengeur :

Elève: j'ai passé trois heures pour faire ton devoir!
Professeur : et qu'en as-tu tiré?
Elève: j'ai pas pu sortir avec mes copains, j'ai pas pu jouer en ligne à mon jeu préféré. Comme je te déteste de me donner tous ces devoirs!
Professeur: Mais c'est pour ton bien. Qu'en as-tu tiré d'autre? N'es-tu pas fier d'avoir accompli ce travail de bout en bout?
Elève: Si, c'est vrai. J'en suis fier. Et en plus j'ai appris plein de trucs.
Professeur: Tu vois, moi aussi je suis fier de toi.


Me traînant de copies en copies, les élèves me surprennent la bouche pleine de chocolat :

Professeur: Zut alors, je vais encore passer toutes mes vacances sur ces satanés devoirs
Elève: mais pourquoi tu nous les donnes alors? Qu'est-ce que ça t'apporte?
Professeur: c'est pour moi une façon de voir si je vous ai bien fait assimiler certaines choses.
Elève: alors quand on réussit, t'es fier de toi?
Professeur: mais oui bien sûr, et je suis fier de vous aussi quand j'ai la preuve de vos progrès.
Elève: alors, arrête de râler!
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samedi 14 février 2009

Richard Descoings et la Réforme des Lycées

Richard Descoings va peut-être venir dans notre lycée courant Mars. Je tiens l'info d'un de nos représentants au Conseil d'Administration qui la tient de notre Directeur Adjoint. C'est une visite qu'il a annoncé rendre à un lycée par département et s'il nous choisit, nous qui sommes Lycée Ambition Réussite, nous pourrons alors l'interroger sur la réforme des lycées, dont je vous le rappelle notre ministre Monsieur Darcos l'a chargé de s'occuper.

Mais ce n'est pas tout. Lors d'une réunion à Sciences Po à laquelle j'assistai avec ma collègue, je l'ai entendu dire qu'au cours de ces visites, il allait consulter la base. Nous pourrons donc également lui transmettre nos idées. Car cette visite prendrait la forme d'une conférence-débat de deux ou trois heures.

En conséquence, nous allons nous préparer pour que l'entrevue soit constructive. Parmi les questions que certains d'entre nous souhaitent aborder en voici quelques unes avancées par mon collègue représentant au CA que je livre telles quelles :

Quelle est notre vision de la mission du lycée?
Quel rôle pour le bac?
Qu'est-ce qui marche dans nos différents projets, dans nos différentes pratiques?
Qu'y avait-il de positif dans le projet de réforme? ( le projet n'ayant pas du tout été retiré, je devrais dire "qu'y a-t-il...")
Qu'est-ce qu'il y a de nocif / dangereux / d'effets pervers...?
Quel est son rôle à lui: recueillir et synthétiser les propositions de la "base" ou "mieux nous expliquer" le projet (nous avions mal compris...)?
Ma dernière formulation est là volontairement polémique car on ne peut faire abstraction du contexte, de la politique générale et s'en tenir à de grandes idées sur lesquelles le consensus est facile.


Si cette réunion doit avoir lieu, nous avons convenu avec la direction de banaliser une après-midi environ une semaine avant pour déjà échanger nos idées et positions. Et cela pourrait intervenir dès début mars.
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mercredi 4 février 2009

COMPORTEMENT D'ELEVE : LA TENTATIVE DE FRAUDE

Sonia élève de Seconde, âgée de 15-16 ans, bien élevée, bien dans sa peau, bonne élève, s’est faite attraper avec une anti-sèche en cours de physique.

Voilà en substance la teneur de l’émail que je reçois sur ma messagerie électronique, avec pour objet : « Juste pour vous informer ». Il émane de la professeure de physique et a pour destinataires tous les professeurs de la classe.

C’est de cette façon que nous nous mettons au courant des bons résultats, bonnes actions, problèmes et absences de nos élèves et que nous échangeons sur tout ce qui fait la vie de notre classe de Seconde.

C’est bien pratique et très important.

Et c'est comme cela que j'apprends que Sonia s’est faite pincée, hier.

En fait, il ne s’agit pas d’une anti-sèche mais de la feuille du cours qui fait l’objet du présent contrôle. Sonia a copié sur son propre cours. La professeure le précise et regrette qu’elle n’ait même pas pris le temps de fabriquer une anti-sèche. Il est vrai que fabriquer ce « pense-bête illégal » permet de se familiariser avec le cours, d’exercer son esprit critique en sélectionnant les notions, ainsi que son imagination en lui trouvant la forme la plus ingénieuse, celle qui permet de ne pas se faire attraper.

Elle est donc déçue que Sonia n’en ait rien fait.

Quelle banalité, quel manque de fantaisie d’avoir sa feuille de cours sur les genoux. Quand certains font de l’anti-sèche un art, qu’ils exercent avec créativité, notre téméraire élève use de la feuille grand format avec calculs et notions dictés en classe. Quelle platitude, quelle déception !

Mais suffit, je ne ferai pas l’apologie de la fraude scolaire, ce n’est pas mon rôle. Reprenons plutôt notre récit.

Après nous avoir informé, notre collègue de physique conclut son email par une mise en garde car, écrit-elle, si Sonia tente « de le faire » en physique, elle pourrait « le faire » dans les autres matières.

Franchement, après sa lecture, je n'accorde pas beaucoup d'attention à cette affaire, car je me dis que la professeur l'aura gérée comme il se doit. Cependant, comme il me paraît important que nos élèves sachent que nous sommes une équipe soudée et que nous sommes avertis de leurs méfaits comme de leurs bonnes actions,il me semble donc tout à fait naturel, alors que je suis près de notre élève pour vérifier la justesse d’un exercice d’application, de lui glisser un sous entendu qu’elle comprend aussitôt. Cette compréhension immédiate prouve bien qu’elle n’est pas coutumière de la tentative de fraude. C’est sans doute pour cela qu’elle s’est faite pincer, la pauvre !

Bon voilà encore que je réagis comme une ancienne élève, pour qui copier n’est pas frauder!

J'aurais probablement oublié cet incident si je n'avais pas rencontré ma collègue dans la salle des profs le lendemain matin qui me raconte de nouveau l'histoire, cette fois de vive voix. Elle la termine en me faisant part de la sanction qu'elle a infligée à Sonia : un zéro au contrôle. Un zéro sur vingt comme réponse à cette tentative de fraude, rien d'autre. Je suis d'emblée très gênée par cette réponse qui me paraît inadéquate pour une tentative de fraude. Une note quantifie la qualité d'une prestation. Un zéro signifie que la prestation est nulle, car inexistante ou erronée. Sonia ne pouvait pas rendre un contrôle nul. En quoi son zéro est-il indicateur de sa prestation? En quoi sanctionne-t-il la fraude?

Fraude, ce mot résonne comme une malhonnêteté, une tricherie, une tromperie, une escroquerie à mes oreilles et à celles des honnêtes gens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je le préfère à l’expression : « le faire » de l’émail ou au mot tricherie, plus volontiers employé dans le contexte scolaire.

Non, moi je veux que l’on bannisse le mot tricherie qui minimise l’action, la banalise, l’infantilise. Tricher n’est pas jouer, na na na !
Non, moi je veux réhabiliter le mot fraude dans les classes. Toi élève tu ne triches pas, tu fraudes. Tu n’es pas un sale tricheur, tu es un fraudeur ! C’est plus grave. Tu peux aller en prison pour cela ! Pas en prison de quelque jeu vidéo pour ados, non en vrai prison, avec des cellules et des barreaux aux fenêtres !

Bien sur, je délire, j’exagère, j'extrapole. Je ne veux certes pas que même s’il leur arrive d’être fraudeurs nos chers élèves soient enfermés, bannis de l’école, mis au ban de la société. Ils sont si jeunes. Ils ont tellement à apprendre.

Et justement nous sommes là pour ça.
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lundi 2 février 2009

Conseils de discipline - Une réponse à l'absentéisme ?

Il a neigé cette nuit.

Naïvement je ne pense même pas que mes étudiants ne pourront pas se rendre au lycée. Les autobus ne roulent pas quand il neige dans la région parisienne.

Heureusement que la prof principal m'appelle chez moi, poussée par nos étudiants de 1ère année de BTS Assistant de Gestion PME-PMI. En effet ces derniers lui demandent de me joindre pour savoir si j'assure mon cours avec eux ou pas. Je vais, c’est sûr, en décevoir quelques uns puisque je réponds que je serai fidèle au poste. Je suis sincèrement désolée pour les sérieux qui n’auraient pas craché sur mon absence, je sais ce que c’est j’ai été élève ! Mais j'espère pouvoir me rendre au lycée avec mon 4x4.

Je ne vois pas pourquoi je manquerai mes cours et je suis curieuse de voir l'impact qu'à eu la décision que l'équipe pédagogique et la direction ont prise conjointement à l'encontre de nos absentéistes. Lors du conseil de classe semestriel, devant une seule déléguée, elle-même absentéiste, et le très petit nombre d'étudiants qui souhaitaient assister à l'étude de leur cas, nous avons prononcé treize conseils de discipline pour les plus absents et les plus paresseux. Cette décision a fait des vagues aussi bien auprès de nos collègues syndiqués ou non dans notre salle des profs qu’auprès du Recteur d'Académie. Il est vrai qu'un tel sursaut n'est pas politiquement correct, sans doute parce que l'on ne retient que le côté sanction du conseil de discipline et non pas ses vertus pédagogiques. A l'heure où j'écris je n’en connais pas l'issue.

Avant les dits conseils, notre proviseur a reçu ces jeunes gens. Il nous a ensuite réuni pour nous faire part des décisions et des justifications de ces étudiants. En effet traditionnellement, les étudiants préfèrent démissionner avant de passer en conseil de discipline et c’est tout le sens de ces entrevues. De plus elles permettent aussi d’avoir enfin un contact avec ceux que l'on ne voit jamais, car généralement ils se déplacent pour cette occasion.

Notre proviseur nous informe donc que tous ont décidé de continuer leur année même s'ils n'avaient pas choisi ce BTS au départ. Certains affirment même que finalement il ne leur déplaît pas.

Les problèmes personnels, criants, véritables ou exagérés, le manque d'argent qui les oblige à travailler parfois vingt heures à l'extérieur pour d'autres, nous renvoient en pleine face la dure réalité de la vie d'une partie de nos étudiants. L'énorme fossé qui existe entre leur scolarité précédente en Bac Professionnel ou Technologique et les exigences de ce BTS nous interpellent et nous questionnent aussi.

Certains se disent déprimés.


Déjà pendant le conseil de classe nous avions soulevé beaucoup de questions :

· Comment faire comprendre au Rectorat que les affectations des élèves en BTS, doivent prendre en compte la réalité des étudiants, leurs goûts et leurs envies ?

· Comment mieux faire connaître notre formation pour y attirer plus d’ étudiants susceptibles de réussir pour ainsi contribuer à insuffler un meilleur climat de travail ?

· Comment aider nos étudiants à avoir une plus grande estime d’eux-mêmes pour une meilleure réussite ?

· Comment traiter l’absentéisme au lycée ? Pour les élèves, pour les étudiants, sachant que les universités ont apporté une réponse en sanctionnant les absences ?

· Comment nous les enseignants, mieux connaître le niveau et les besoins de nos étudiants pour nous y adapter, sachant qu’ils sont très hétérogènes, et les entraîner dans une spirale de réussite ?

· Comment traiter l’hétérogénéité de nos étudiants ?

· Comment aider les professeurs à enseigner dans ces classes ?

Il me semble indispensable d’ apporter des réponses concrètes à ces questions qui sont centrées sur trois pôles
1. Le recrutement des étudiants
2. Les étudiants
3. Les enseignants

Je ne pourrai qu'essayer des réponses sur les deux derniers pôles, le premier m'échappant complètement.

C’est ce que je ferai grâce à mon expérience et ma pratique de LMCP dans un prochain billet.
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jeudi 29 janvier 2009

Expérience pédagogique en Terminale STG. Bilan 1er cours

Lors de notre réunion mes trois collègues et moi avions décidé des étapes qui jalonneraient cette expérience.

Nous avons donc réuni les élèves des quatre classe de Terminale STG dans l'amphithéâtre ; une centaine de jeunes plus ou moins excités qu'il a fallu canaliser à une heure difficile de la matinée : le délicat créneau horaire 12h-13h. C'est pour tous la dernière heure de la matinée, celle où les estomacs crient famine, où l'attention est à son plus bas niveau et l'excitation à son comble.

Néanmoins, quelques mises au point un peu musclées et un suspens volontairement entretenu plus tard, je peux exposer dans le calme, les modalités de cette expérience et chacun d'entre nous de faire part du contenu de son atelier à ce parterre plutôt intrigué. Après de nombreuses questions auxquelles nous avons répondu avec intérêt, nous sommes prêts à inscrire les élèves dans les ateliers. Les inscriptions se passent dans un ordre correct et les élèves sont avertis que les listes seraient affichées à la vie scolaire très bientôt, sur lesquelles ils se verraient confirmer leur participation aux ateliers choisis, dans la limite des places disponibles.

Tout est en en ordre, il ne nous reste plus qu'à commencer.

Ce que je vais te livrer maintenant est le bilan de mes premiers cours. Je l'ai écrit avec honnêteté au sortir de chaque cours et le publie tel quel, sans aucune retouche.
Les remarques, idées, résolutions, actions à mener ont toutes été adoptées en concertation avec mes collègues avec lesquels nous nous réunissions une fois par semaine pendant l'heure inscrite à notre emploi du temps. Cette heure hebdomadaire m'a également permis de les former à La Méthode Chalude de la Performance et de chercher et trouver des solutions aux problèmes qui n'ont pas manqué de se poser. Je bénéficiais par ailleurs de l'aide et des conseils de M. Chalude.

ATELIER THE SIMPSONS SEASON 10 EPISODE 2

Bilan 1ère séance

Premier cours. 20 élèves. 6-7 garçons parlent fort en entrant en classe et sont très agités. Il est 12h c’est ramadan.
Quelques plages de silence cependant. La curiosité est forte. Ils réclament de voir les Simpson.
Je parle, explique mais c’est trop long, ils s’agitent.
Je cafouille avec le matériel audio-visuel et demande au plus bruyant son aide pour manipuler le magnétoscope et la télé. Il me regarde et semble flatté que je lui confie une telle responsabilité.

Les élèves bruyants sont les plus coopératifs, ils font volontiers des phrases en anglais mais les lancent sans ordre ni discipline sans demander la parole.

Bilan :
Trop de temps perdu avec la technique et la mise en route (l’appel obligatoire est trop long)
mpossible de gérer le groupe.

Conclusion :

Le groupe classe est parasité par 6-7 éléments qui exigent une attention et une énergie constantes car ils se font écho les uns aux autres. Leur agitation s’auto alimente. Ils ignorent totalement le prof et les autres élèves. C’est une façon de prendre le pouvoir. Ils ont réussi puisqu’ils m’ont empêché de gérer le temps, les activités et le groupe classe.

Actions à mener :

1. Profiter de l’envie des élèves de regarder les Simpson
2. Profiter de leur besoin de parler pour les faire parler anglais.
3. Donner moins d’explications, et entrer dans le concret tout de suite
4. Pour les calmer et les mettre en condition faire relaxation en début de cours
5. Arriver à pénétrer dans leur monde pour m’imposer en leader
6. Continuer à confier la responsabilité de la manipulation de l’équipement à Aziz.
7. Leur faire créer des règles de fonctionnement dans la classe pour auto-régulation. ( ex : lever la main pour parler, se taire autrement, cesser de se moquer, de ricaner, de s’interpeller en classe, etc …)
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mercredi 28 janvier 2009

Expérience pédagogique en Terminale STG : partie 2 - La mise en place

Comme le promettait la première partie, voici la suite de la saga qui s'est déroulée l'année dernière. Comme tu as pu le lire dans le premier billet que j'ai posté, je parle de la méthode pédagogique du psychologue qui m'a inspiré ce type d'expérience. J'en parlerai, bien sûr, car je crois fermement que mon engagement tient en ma conviction que ce système, LMCP®,(La Méthode Chalude de la Performance)est révolutionnaire et aidera tous les enseignants comme il m'a aidé depuis que je le pratique.

Le lundi 10 septembre 2007
Aujourd’hui 2nde réunion de concertation avec mes collègues co-animateurs de l’expérience : Enseigner autrement.

Nous nous retrouvons dans la salle des profs devant une tasse de thé qu’Anne M. confectionne. Nous entamons la discussion. Nous devons préparer l’intervention de mercredi car j’ai décidé de réunir tous les élèves participant à l’expérience dans l’amphithéâtre pour leur rappeler rapidement en quoi elle consiste et leur présenter tous les ateliers pour qu’ils puisent faire leur choix. Nous quittons la salle des profs pour nous installer dans la salle des casiers équipée de tables et de chaises, plus calme, où nous pouvons travailler sans déranger personne.

Tout de suite Anne, comme je la vois faire depuis notre première réunion sort de quoi écrire et prend l’initiative de noter le plan que nous adopterons pour conduire cette réunion. Je prends mon cahier réservé à cela et prends des notes également.

Anne est formidablement organisée (Manager) et la regarder faire m’étonne et me ravit. J’apprends tant d’elle. Tout de suite elle parle de son atelier et nous présente le film qu’elle va faire travailler : Crash de Paul Haggis. Comme elle l’avait fait la fois précédente, elle prévoit le nombre de séances et extrait le thème de son étude : « Appréhender les différences dans le monde contemporain ». Elle ne veut pas l’appeler Racisme, car ce mot est utilisé dans tous les manuels et déclarer encore et toujours que le thème abordé est le racisme sonne trop traditionnel à ses oreilles.

J’interviens et lui fait remarquer que si cela lui chante qu’elle réserve cet objectif déclaré pour l’inspectrice mais que LMCP®, heureusement, nous sort de cette routine enseignante. Nous travaillerons « gratuitement » avec les élèves c’est-à-dire que nous ne retiendrons que le plaisir de travailler sur le film sans enfermer nos élèves dans un cadre qui consiste à leur expliquer que : "attention nous sommes en classe, nous abordons des thèmes intellectuels, qu’on se le dise !" Non ces thèmes nous les aborderons d’une autre façon, en douceur, naturellement comme dans la vraie vie. Imagine des personnes réunies autour d’un bon dîner déclarer tout de go. Et si nous parlions du racisme ! Aujourd’hui je dis que nous ne devons pas annoncer nos objectifs culturels ni même langagiers aux élèves, faisons passer nos objectifs naturellement sans leur donner un aspect doctrinal qui peut être rébarbatif pour des élèves de STG.

Anne est tout de suite d’accord avec moi et la discussion se poursuit.

Ce qui me gène dans le discours des inspecteurs est qu’ils ne prennent jamais en compte les élèves, leurs vécus, leurs aspirations, leurs envies. C’est comme si notre enseignement était déconnecté de la réalité qui est la réalité élèves. Ils ne nous parlent jamais de leur motivation. C’est comme si un élève était par essence motivé, comme si cela coulait de source.

Je me souviens avoir demandé des conseils à notre inspectrice il a quelques années sur la façon de motiver nos élèves, elle a répondu par l’anecdote connue de tout le monde enseignant de langue, de la petit prof d’un mètre cinquante et du grand gaillard noir du lycée du neuf trois. Ce grand classique est l’histoire d’une petite bonne femme prof d’anglais qui fait des miracles avec des élèves difficiles. Comment ? Mystère ! Notre inspectrice n’a jamais voulu partager avec nous le secret de la réussite de cette enseignante extraordinaire. D’où notre scepticisme….

Laurent S. commence à nous exposer la première séance de son atelier qui aboutira sur l'écriture d’une chanson en anglais. Il étudiera une chanson de Justin Timberlake : Losing my way. Ses 10 heures de cours seront employées comme suit :

1. Travail sur les émotions des élèves à l’écoute de la chanson
2. Prise de notes (repérage de 5 mots minimum et expression de la chanson)
3. Construire ou inventer à partir des mots et expressions notées par les élèves
4. Texte à trous (mots porteurs de sens, mots connus et/ou inconnus)
5. Préparation à un travail de groupe : Questions :

- Quel rôle pensez vous jouer dans le travail que vous allez effectuer en groupe ?
- Quel rôle avez vous joué dans ce travail ?
Traduction en rôles LMCP® ;

Travail : Réécrire la chanson avec rimes à la lumière -du dealer
-de l’ex petite amie
-de l’enfant

6. Travail sur les rimes. Imposer de faire une production d’une strophe ou plus
7. Travail avec rimes (suite) et répétition
8. Évaluation notée en groupes style Nouvelle Star grille d’évaluation à créer.

Critères à prendre en compte : justesse de l’anglais, richesse de l’anglais, prestation artistique etc… )

9. Enregistrement production élèves avec Jean Paul A. au studio d’enregistrement du lycée
10. Enregistrement et confection d’un CD avec toutes les prestations à remettre aux participants. En garder une copie.

FIN : Demander par mail ou par écrit aux élèves une évaluation de cette expérience au moyen d’une grille à confectionner.

ATELIER MLAURE A. : Après sondage fait auprès des élèves : travail sur un épisode des Simpsons

ATELIER SYLVAIN C. : Après sondage fait auprès des élèves : travail sur un épisode de Prison Break

Tous les ateliers suivront la même progression que celui de Laurent et les productions des ateliers Crash, The Simpsons et Prison Break seront des scènes crées par les élèves en groupe, filmées et enregistrées sur DVD, remis aux participants. En garder une copie.

Pour l’instant cette expérience me porte, me donne une énergie extraordinaire. Je rencontre Laurent, Anne, Sylvain et je m’enrichis à leur contact.

A suivre...
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dimanche 25 janvier 2009

Expérience pédagogique en Terminale STG : partie 1 - Le Projet

T'ai-je déjà parlé de ma classe de seconde et de la double expérience que nous conduisons dans cette classe ?
Auparavant laisse moi te raconter ce qui a précédé et déclenché mon engagement dans ces expériences.

Il y a deux ans, lors d'une séance de travail avec M. Chalude, le psychologue d'entreprise dont je t'ai déjà parlé dans le premier billet de ce blog, j'entrevois l'idée de travailler autrement avec mes élèves. Cela tombe bien puisqu’ il est question alors dans les lycées d'une "innovation" en langues pour les classes de terminales STG que l’on appelle groupes de compétences. Notre inspectrice et mon Proviseur Adjoint souhaitent que nous les mettions en place de notre lycée. En tant que coordonnatrice du département d'anglais je demande que notre inspectrice se déplace et réunisse l'équipe d'anglais pour nous en dire plus sur ces groupes, condition sine qua non à notre investissement dans leur mise en place. Elle s'exécute et en résumé, nous donne carte blanche pour leur organisation et leur contenu. Je saute sur l'occasion pour présenter le projet suivant :

PROJET POUR LES GROUPES DE COMPÉTENCES

L’année 2007-2008 sera une année d’expérimentation au sein de notre lycée en ce qui concerne les groupes de compétences en anglais en terminale STG. En effet force est de constater le peu de compétences dans la langue anglaise acquises par de nombreux élèves après 6 ans ou plus d’apprentissage de cette langue. Un des facteurs que nous pouvons, à notre niveau, prendre en compte est le manque d’intérêt de ces élèves. Il nous est apparu par expérience et bon sens que sans motivation, qui doit être réactivée régulièrement, l’apprentissage est plus difficile voire nul. Il nous semble donc primordial d’agir sur cette motivation.

Nous avons décidé de commencer cette expérience sur une heure de cours prise sur les trois heures que compte l’horaire officiel de LV1 pour cette classe.
La méthode pédagogique utilisée sera LA MÉTHODE CHALUDE DE LA PERFORMANCE (LMCP)
Cette méthode, déjà éprouvée au sein de l’entreprise, dans des contextes individuels, familiaux etc.… établit le lien entre la personnalité, la communication et la performance ; elle s’appuie sur l’engagement, la responsabilité et le plaisir et elle garantit la performance.

Il s’agit donc de partir de ce que l’élève aime, connaît ou veut connaître pour le faire avancer et évoluer vers des savoirs-faire, des savoirs-dire, des savoirs-écrire de plus en plus nourris. Pour cela nous leur proposons des ateliers que nous leur présenterons (Il faudra donc trouver un moment à la rentrée pour ces présentations).Chaque élève choisira un atelier parmi ceux qui seront proposés et dès lors il s’engagera à le suivre régulièrement, à le nourrir de ses propres talents, à utiliser la langue anglaise comme vecteur de communication et à atteindre l’objectif qu’il s’est fixé. Les professeurs qui animeront ces ateliers seront volontaires. Chaque atelier constituera un cycle d’apprentissage dont la durée doit être si possible la même pour tous les groupes. En effet une fois l’activité accomplie, le groupe changera d’activité et donc de professeur. Il est possible aussi que les professeurs changent d’activité au cours de l’année scolaire. Tout ceci est à mettre en place en concertation avec les professeurs intéressés.

Par exemple, profitant de l’engouement des jeunes pour les séries américaines il nous paraît très intéressant de travailler sur un ou plusieurs épisodes de ces séries.

Je propose donc personnellement de travailler sur la série américaine Friends en Version Originale.

A titre d’exemple voici les compétences travaillées.
1. Compréhension orale
2. Expression orale
3. Travail sur la langue (idiomes, langue parlée, grammaire, civilisation, etc..)
4. Expression écrite

Le choix de cette série pleine d’humour ne tient pas du hasard. En effet la vie de jeunes américains ayant tous une personnalité différente, vivant en co-location permet à chaque élève de s’identifier soit aux personnages soit à la situation soit aux deux. Donc dès lors qu’il y a identification, il y a intérêt et dans ce cas sans nulle doute plaisir, communiqués aussi et surtout par la langue utilisée dans les épisodes. La langue devient alors un outil indispensable pour atteindre l’objectif de compréhension, de plaisir et de partage de ce plaisir. Elle est donc tout naturellement le moyen d’expression véhiculaire.

La durée du cycle est à déterminer et à ajuster en fonction des activités des collègues et se terminera par des ÉVALUATIONS ORALE ET ÉCRITE notées. Ces évaluations peuvent intervenir pour 33% dans la note finale trimestrielle. Elles valoriseront les efforts et le travail des élèves.

Les activités proposées le seront par les professeurs volontaires mais à titre d’exemple voici une liste non exhaustive.

1. Travail sur proverbes anglais
2. Jeux de rôle
3. Feuilletons audio
4. Chansons
5. Travail sur presse écrite
6. Travail sur presse télévisée
7. Poésie création et/ou lecture
8. Pubs écrites et/ou TV création et/ou travail sur
9. Extraits de films
10. Extraits de pièces de théâtre à jouer
11. Ecriture de saynètes en anglais
12. ETC…
Pour être mise en place cette expérience doit reposer sur plusieurs conditions:

1. La prise en charge des groupes (1 heure par semaine) par des professeurs volontaires. Les deux heures restantes seront assurées par d’autres ou les mêmes professeurs.
2. Un nombre maximum de 25 élèves par groupe
3. L’alignement des groupes dans l’emploi du temps
4. La volonté de travailler en équipe, entre professeurs volontaires, avec les professeurs d’anglais des groupes classes, les professeurs principaux, les CPE et l’administration

Elle s’appuie sur les conditions matérielles suivantes :

1. Disposer de la même salle équipée de matériel audio-visuel.
2. Disposer du laboratoire de langue au besoin et de l’aide de l’assistant
3. Disposer d’une heure de concertation hebdomadaire incluse dans leur emploi du temps et rémunérée pour les professeurs volontaires et les professeurs de la classe.
4. Disposer d’une ligne de crédit pour l’achat de matériel pédagogique.

A suivre...
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mercredi 21 janvier 2009

Les élèves perturbateurs

Dans ses commentaires, RMF pose le problème des étudiants perturbateurs.
Qu'ils soient bavards, insolents, absents physiquement ou « ailleurs » en classe, ceux de nos élèves qui n'adhèrent pas à nos cours nous déstabilisent, nous irritent, gênent notre progression pédagogique, et pour le moins nous interrogent.

Il y a les profs qui croient qu'un élève est par essence programmé pour suivre leurs cours, qu'ils soient bons ou mauvais, je parle des cours bien sûr. Ils affirment que si ces élèves ne les suivent pas cela leur est égal, du moment qu’ils ne perturbent pas la classe. Et puis il y les autres, ceux qui le vivent comme un échec et ne l’acceptent pas. Même s’ils savent que les raisons ne lui incombent pas forcément, ils se remettent systématiquement en question quand cours après cours untel ou untel ne suit pas. Les raisons peuvent être extérieures au cours et souvent, si la confiance est déjà établie avec l’élève, l’écouter s’il désire parler peut l’aider. Au trop souvent entendu : « Nous ne sommes pas des assistantes sociales ! » je réponds qu’il ne s’agit pas de se substituer à ces personnes utiles mais ô combien débordées à cause du nombre d’élèves qu’elles ont en charge, mais de faire preuve d’intérêt pour son élève avec lequel une tranche de vie, même en pointillé, s’effectue. Quand je parle d’intérêt il s’agit d’intérêt authentique pour lui et non de démagogie. Souvent cette marque d’intérêt est suffisante pour que l’élève se remettre à suivre en cours. Bien sûr je ne prétends pas que cela suffise tout le temps car les raisons pour lesquelles un élève ne suit pas sont multiples.

Interrogeons nous sur de possibles raisons :

A-t-il assez dormi ?
Assez mangé ?
Est-il en bonne santé physique ? psychologique ?
Se sent-il en confiance dans le cours, dans la classe, dans l’établissement scolaire ?
Comprend-il de quoi on lui parle dans le cours ? Est-ce trop difficile, trop facile ? Est-il saturé ?
A-t-il envie d'être là à ce moment ?
Quelle est l’image qu’il a de sa capacité à réussir ?
Quelle est l’image que le professeur lui renvoie de sa capacité à être un bon élève, d'être sage comme une image ?

Nous connaissons tous l’étude de Robert Rosenthal, l’Effet Pygmalion. Les conclusions de cette étude montrent que quand les enseignants s’attendent à de bons résultats et sont confiants dans l’évolution de leurs élèves, c’est ce qu'il se produit. A l’inverse quand ils sont persuadés que leurs élèves n'en sont pas capables, ces derniers leur donneront raison.

D’aucuns diront que chercher des raisons c’est excuser des comportements inexcusables. Eh bien ce n’est pas mon avis. Car il s’agit ici de trouver des solutions. Certaines sont simples, comme les inciter à déjeuner le matin, d’autres plus complexes ; mais à mon sens elles exigent que nous fassions montre d' empathie pour mieux comprendre ces comportements.

Les réponses à ces comportements doivent être pensées en pédagogue, ce qui n’exclut pas bien évidemment les sanctions prévues par les règlements des établissements.
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vendredi 16 janvier 2009

Locaux scolaires

Tu ne connais pas mon lycée et comme lui d'autres établissements scolaires en France. Alors je vais t'en parler car pour la première fois de ma carrière, je suis particulièrement sensible à un environnement négatif. Serait-ce dû à un moment difficile de ma vie, à une usure du métier ou bien les choses se sont-elles tellement dégradées dans le lycée que j'ai atteint mon seuil de tolérance ? Ou bien les trois ?

Mon lycée est pourri, il a quelque chose comme 30 ans et est en cours de réhabilitation. Nous attendons des locaux neufs qui je l’espère ne seront pas vandalisés trop tôt.

Comment te raconter la vétusté des lieux qui ne peuvent même plus être réparés tellement ils tombent en ruine ?
Régulièrement en réunion, nous faisons le point sur les dysfonctionnements de notre lycée. Ils sont nombreux mais le pire est que ces dysfonctionnements sont les mêmes depuis des années.

Je vais commencer par le situer. Entre une zone résidentielle et une cité chaude, jusqu'à présent il était plutôt calme et on pouvait y travailler sereinement. Également cité scolaire il abrite d'un côté le lycée général et de l'autre le lycée professionnel. Le nombre de surveillants en baisse, la « vitalité » de certains élèves particulièrement débordante font que les heures de cours sont souvent dispensées dans le bruit qui provient des couloirs non surveillés de l’établissement. Je passerai sous silence les nombreuses fois où des individus ouvrent les portes des salles en plein cours, hurlent et se sauvent en courant.

Enseignant parfois dans les locaux de LP (lycée professionnel), j’ai même eu la surprise d'être interrompue par un jeune encagoulé qui a fait irruption dans ma classe en hurlant « Allah est grand » en arabe. Je l’ai poursuivi, mais il a réussi à m’échapper dans les dédales des lieux ; il faut dire que mon lycée est un vrai labyrinthe. Quand je suis revenue de cette course poursuite, mes étudiants de BTS, m’ont dit que j’avais été très imprudente, qu’il ne fallait surtout pas pourchasser les intrus parce que je risquais un mauvais coup. Naturellement je leur ai affirmé que je n’avais pas peur et que mon rôle était aussi de les protéger contre ce genre de nuisance.

Un autre jour dans les locaux du LG (lycée général) pendant un cours, une jeune fille de 1ère ES a ouvert la porte close de ma salle, brutalement. Cette fois Allah n’était pas dans le coup, elle a apostrophé une de mes élèves. Je me serais contentée d’une remontrance mais quand je l’ai interpellée elle s’est montrée agressive et irrespectueuse. Elle a donc été sanctionnée pour sa conduite. La conseillère d’éducation lui a consacré une pleine heure pour lui faire prendre conscience de ses actes. Je ne suis cependant pas convaincue qu’elle ait compris que les : « tu m’touches pas toi » et autres gentillesses qu’elle m’a adressés soient répréhensibles.

Des anecdotes comme celle-ci nous en avons tous, qui prouvent la difficulté des rapports dans une communauté d’ humains. Mais je suis persuadée que l’environnement a une grande influence sur le comportement des acteurs de cette communauté. Car moi aussi, aujourd’hui, j’ai du mal à supporter la crasse, le manque de lumière, de confort, le froid qui règne dans les classes, la dégradation des lieux. Mon lycée est aveugle et les couloirs sombres sans fenêtres. Les vitres brisées des fenêtres des salles sont souvent remplacées par des planches de bois, qui obligent à garder la lumière allumée en permanence. Le chauffage est asthmatique, les toilettes fuyantes et puantes et les portes coupe feu pleines, donc dangereuses car une personne ouvrant un peu fort la porte peut blesser celle qui se trouve de l’autre côté. C’est ce qui m’est arrivé ce matin. La porte s’est violemment ouverte sur moi, me blessant la main.

Mon lycée fut construit à une époque post soixante-huitarde où l'école devait être ouverte sur l'extérieur. D'où de nombreuses ouvertures rendant impossible tout contrôle des entrées et sorties des élèves et des visiteurs malintentionnés. Pour preuve les nombreuses dégradations, vols de matériel audio-visuels et informatique. Une bombe artisanale a même explosé il y quelques années ne faisant heureusement que des dégâts matériels mais qui aurait pu tuer.

Et même si des travaux sont entrepris, de ci de là, mon lycée est tellement vieux que je crains que nous ne puissions plus rien pour lui.
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mardi 13 janvier 2009

Un cours pas comme les autres

Aujourd’hui 8h, le désert qui règne devant mon labo de langue, que j'occupe par manque de salles disponibles, ne m'émeut plus puisque je suis maintenant habituée à faire cours à une portion congrue de ma classe de BTS PME-PMI. Quatre élèves encore ce matin, cela sera désormais, je le décide, mon chiffre fétiche. Quatre élèves que je n'ai pas eu le plaisir de voir récemment et qui ne savent rien de ce sur quoi nous travaillons et qui donc ne peuvent pas avoir fait le travail que j'avais donné pour aujourd'hui. Alors comment rentabiliser les deux heures qui s’annoncent ? Sur quoi travailler avec eux ?

Fastoche ! Aucun d'entre eux n'a assisté au cours précédent, donc refaisons ce qu'ils auraient dû faire s’ils avaient été présents ! Allez au travail !
Qui ose dire que les professeurs ne sont pas adaptables !

Après avoir re-expliqué la méthode du compte rendu –peut-être une nouveauté pour eux - nous voici partis à appliquer ladite méthode au moyen de cet article de journal dont le gros titre me fait de l’œil : HOW VANESSA WENT GLOBAL WITH HER JOB.
Les protagonistes de cette Success Story me sont très familiers car je les côtoie depuis si longtemps maintenant et Vanessa me fait voyager dans le monde entier grâce au télétravail qu’elle pratique avec bonheur. Merci à vous absents étudiants de me permettre de faire et refaire les mêmes cours... Mais trêve de plaisanteries, reprenons le fil du notre histoire, non pas celle de l'article de presse mais celle de ce matin.

Avec toute la douceur dont je suis capable, je demande à mes étudiants d’émettre des hypothèses sur le texte à partir de la lecture et de la compréhension du gros titre. Auparavant nous trouvons ensemble les mots clés, les expliquons et les notons au tableau. Une fois les hypothèses énoncées j’explique que nous les vérifierons par une lecture du texte. Pour pouvoir répondre aux fameuses questions : De qui, de quoi s’agit-il ? , Où et Pourquoi ? en anglais bien sûr, je les laisse disséquer l’article, sans dictionnaire, par groupe de deux, paragraphe par paragraphe. La consigne est précise, le ton rassurant : « Il s’agit de dire ce que vous comprenez de ce que vous lisez. Nous vérifierons ensuite si ce que vous dites est conforme à ce qui est écrit, étant entendu que faire des erreurs est naturel. » Puis j’utilise la métaphore du sportif qui pour être performant doit s’entraîner régulièrement.

Les voilà au travail, les uns aidant les autres pour extraire les idées contenues dans le premier et deuxième paragraphes. Le temps s’écoule paisiblement, les étudiants sont concentrés sur leur tâche. Je les aide à formuler leurs idées, leur fait retrouver des structures oubliées, des mots cachés dans leurs mémoires, et note leurs productions au tableau. Nous n’entendons pas la sonnerie annonçant la fin de la première heure et sommes authentiquement étonnés quand après avoir frappé discrètement à la porte blindée du labo entrent cinq autres étudiants de la classe, en s’excusant de leur retard « car Madame, comme vous ne nous acceptez plus en retard, nous avons dû attendre la deuxième heure »

L’espace d’un court instant me voici déstabilisée. En effet trois d’entre eux étaient présents au cours précédent et ont déjà fait ce sur quoi nous travaillons. Quid des deux autres ? Absents eux aussi. Quel mic mac ! Me voici avec trois groupes qui n’en sont pas au même point. Le premier, constitué de quatre étudiants a déjà terminé l’analyse du texte, le deuxième en est au deuxième paragraphe et le dernier ne connaît rien à la technique du compte rendu et n’a pas encore commencé à lire l’article.

Qui dit que les professeurs ne sont pas réactifs ?

« Groupe numéro 2, vous continuez l’analyse ensemble en intégrant groupe numéro 3 qui va d’abord lire le texte et copier les notes du tableau, pendant que je m’occupe de groupe numéro 1, celui qui en est à la phase finale c’est à dire celle du compte rendu. »

Ouf ! La solution est trouvée.

Eh bien ! C’était sans compter sur l’imprévu qui, je devrais le savoir, est assez courant dans cette classe : sur les trois étudiantes de groupe 1 une seule avait fait son compte rendu.

Catastrophe !

Par chance cette dernière veut bien me remplacer auprès de ses camarades pendant que je m’occupe de groupe 2-3.

C’est ainsi que nous avons terminé l’heure de cours, avec un professeur volant de groupe en groupe. Nous avons aussi fait un court bilan dans lequel les leçons ont été tirées par les étudiants eux-mêmes quant aux vertus du travail de groupe et aux problèmes occasionnés par leurs absences…
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dimanche 11 janvier 2009

Les comportements des élèves

Aujourd'hui dimanche j'ai enfin le temps de rebondir sur le message d'Eveline (qui ose dire que les enseignants ne font rien ?). Les deux mots- comportement et élèves- qu'elle a associés, comme si de rien n'était, m'interpellent. Je les ai maintes fois associés moi aussi, machinalement, sans y penser. Mais en y pensant justement, ils m’interrogent : pourquoi parler DES élèves comme s’ils ne faisaient qu’un ? Et pourquoi parler du comportement comme s’il n’existait qu’un seul et unique type de comportement ?

Quand nous évoquons le comportement DES élèves nous faisons comme si nos élèves étaient un bloc, une entité indissociables. Or nous avons devant nous des individus et chaque individu est différent. Il est vrai que dans une classe, nous nous adressons à tous, dans un one (wo)man show renouvelé dont le public ne paie pas sa place et ne choisit pas d'être présent. Il nous faut donc être très bons pour capter son attention, l'entraîner dans notre univers, le lui faire partager et surtout l'inviter à le fouler seul, sans nous, et ainsi l' amener vers l’autonomie, but ultime de notre mission. Je crois que c'est cela le sens de notre travail. Mais c’est aussi le plus difficile car nous devons être convaincants tout le temps et pour tout le monde. Or comme je l'ai dit plus haut chacun est différent. Alors comme arriver à cela ?

Je n’ai naturellement pas de solution miracle mais je vais vous faire part de ce que je fais qui marche bien.

D’abord je pars du principe que, tout comme je n’aime pas que l’on me range dans une boite étiquetée, par exemple : professeur = ne travaille pas beaucoup( !), les jeunes n’apprécient pas non plus d’être envisagés en tant que classe. Même si souvent, faire partie de la masse permet à certains d’être tranquilles au fond de la salle, ils revendiquent à juste titre d’avoir une personnalité bien à eux, c’est à-dire d’exister. Ils existent dans le groupe c’est vrai mais ils existent d’abord en tant qu’individus. Ne pas le reconnaître est une grosse erreur.

Forte de ce principe je cherche très vite en début d’année à bien connaître tous mes élèves, je les appelle par leurs prénoms ou leurs noms précédés de Monsieur ou Mademoiselle pour les plus âgés d’entre eux (les BTS). Je les vouvoie, témoignant ainsi du respect que j’ai pour eux. Je les tutoierai probablement en cours d’année quand je les connaîtrai mieux, gage de l’intimité que j’aurai installée dans nos cours.

En classe je sollicite tous mes élèves individuellement en leur demandant par exemple de préparer et d’énoncer chacun une phrase en anglais sur tel ou tel sujet. De ce fait tous prennent la parole au moins une fois. Je choisis ce type d’exercice dans les cours en demi groupe de préférence. (J’entends déjà vos protestations : avec 35 élèves comment faire parler tout le monde tout le temps ?) Si un élève hésite, refuse, je le laisse se préparer, au moins psychologiquement, à devoir prendre la parole, n’insiste pas et revient vers lui après. Il pourra s’il n’a vraiment rien à dire, reprendre ce qu’il aura entendu en le reformulant ou pas. Il sera remercié, tous comme les autres d’avoir fait avancer le cours, cours qui est le produit de toutes les synergies présentes.

Je considère donc qu'une classe est faite d'individus, élèves et professeur, qui apportent chacun sa contribution personnelle. Ces apports s'additionnent, se complètent, s'enrichissent pour créer une dynamique de réussite. Parfois cette dynamique est freinée ou stoppée par des comportements négatifs, provenant d'un ou plusieurs élèves ou du professeur. Ces comportements sont souvent dûs à des causes extérieures, problèmes personnels des élèves ou des professeurs, contrariétés en tous genre, fatigue, manque de sommeil et j'en passe. Il est donc extrêmement important que le professeur ait toujours l'esprit en éveil pour rester très attentif à ses élèves et à lui-même. Il pourra ainsi mieux comprendre les comportements de ses élèves en même temps que le sien et ainsi éviter des erreurs et des drames...
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mardi 6 janvier 2009

Blocages

Quatre étudiants en cours ce matin. J'ai donc tout loisir de les observer, de les écouter. Je peux ainsi voir leur trouble quand je leur demande de lire, de parler dans une langue qui leur est étrangère. Je peux entendre leur silence quand ils n'ont rien à dire. Et je comprends que s'essayer à une langue qu'ils ne maîtrisent pas leur est impossible. Il n'y a que les audacieux qui osent, à juste raison. Les autres, plus nombreux, préfèrent se taire et passer pour des "nuls" plutôt que commettre des phrases, des idées, dont ils ne sont pas sûrs. C'est cela que le lis sur leurs visages, sur leurs lèvres aujourd'hui. Je lis leur désarroi.

Le texte comporte trop de mots, de structures ignorés pour pouvoir faire du sens pour eux. Pourtant je ne peux vraiment pas prendre plus simple, je dois les tirer vers le haut. Inférer n'est possible que si un mot, une phrase guident. Si tout est étranger, rien ne peut aider. Alors que faire ?

J'ai mêlé le français et l'anglais. J'ai demandé qu'ils me disent en français ce qu'ils comprenaient du texte étudié. J'ai applaudi quand ce qu'ils comprenaient était conforme aux mots, aux idées exprimés dans ce dernier. J'ai nuancé quand ils partaient loin, très loin de sa réalité. Et j'ai expliqué, en français et en anglais. J'ai donné des mots, des expressions, des structures pour qu'ils s'expriment en anglais et je les ai notés au tableau.

Puis je leur ai lâché la main et j'ai demandé qu'ils s'expriment seuls, sans moi, en utilisant toutes les aides dont ils disposaient maintenant. Ils l'ont fait , de bonne grâce, sans doute rassurés par ma présence bienveillante et mes encouragements enthousiastes.

Je suis sortie de ce cours de quatre étudiants, vidée, épuisée mais heureuse. J'ai eu le sentiment de les avoir aidés aujourd’hui... à prendre confiance en eux.


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Retards

Deuxième jour de rentrée. Le froid, la neige, le verglas. Je pars plus tôt, j'arrive à l'heure mais j'imagine que mes étudiants de BTS profiteront du mauvais temps et des conditions difficiles de circulation pour ne pas venir à mon cours de 8h à 10h. C'est trop tôt déjà en temps normal pour certains, alors aujourd'hui...

Bingo! J'en compte quatre. J'ai accepté les deux élèves en retard en raison des circonstances particulières. En effet, j'avais annoncé peu avant les vacances de Noël dans cette classe de 1ère année de BTS PME-PMI que désormais je n'acceptais plus les élèves en retard à mes cours. Cette décision je la leur ai expliquée ainsi : trop c'est trop! Cela, je crois résume bien que plus les limites sont déplacées plus on les déplace. Est-ce clair ? Bon en tout cas j'en avais marre de répéter , rerépéter tout ce que je disais en début de cours pour les retardataires qui arrivaient, décontractés, les uns après les autres, à mes cours. Donc j'explique en substance que s'ils savent que je ne les accepte pas en retard les étudiants feront l'effort d'arriver à l'heure. Mon argument doit être convainquant car j'en entends deux qui aquièscent d'une : "Elle a raison." Forte de cette adhésion, je mets ma décision à exécution dès le lendemain. Les élèves ne sont plus en retard -du moins je ne le sais plus car ils ne se manifestent pas- mais ne sont pas plus présents pour autant. Alors que faire? Les accepter et les conforter dans une attitude dilettante qui me gène et gène la classe. Les refuser et les laisser rater un cours, eux qui ont déjà du mal et qui ne rattrapent jamais les cours manqués ? Qu'en pensez-vous ? Et pourquoi l'une ou l'autre option ?
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lundi 5 janvier 2009

Concentration

Voilà, le premier de jour de rentrée s'achève et je vais vous faire part de mes rélexions. Aujourd'hui je retrouve ma classe de BTS 1ère année, PME-PMI. Si vous ne savez pas ce que sont ces BTS renseignez vous ou demandez le moi, je vous expliquerai. Une quinzaine de présents sur 30 étudiants inscrits, la routine. Je ne m'étonne plus, ne me fâche plus ni ne me décourage. Il faudra bien quand même que nous trouvions des réponses aux questions qui me tourmentent : pourquoi s'absentent-ils, s'ennuient-ils dans mes cours, dans nos cours? Que faire pour les faire venir et surtout REvenir ? etc... Mais aujourd'hui ce n'est pas le propos puisque j'ai intitulé ce message Concentration, je vais donc me concentrer sur la concentration de mes étudiants.

Je travaille avec eux sur un texte , en anglais bien sûr et donne des consignes précises sur ce que je veux qu'ils fassent. Les voilà au travail, chronométré. Très vite la neige, qui tombe, les boules de neige lancées par d'autres dans la cour captent leur attention. Très vite certains me disent qu'ils ne comprennent pas le texte, ce que j'interprète par : "je ne cherche pas trop à comprendre". Alors je prends les choses en main et les guide dans les exercices qu'ils devaient faire au départ seuls. Je ne les lâche pas, épuisée mais heureuse du travail accompli, jusqu'à la fin des deux heures de cours. Ouf !
Mon sentiment : c'est dur pour ces étudiants de se concentrer plus de 10 minutes.
Ma solution du moment : je recentre, encourage, aide, fais accoucher, et surtout persévère et ne me laisse pas aller à toutes leurs diversions car ils sont très très forts en stratégie d'évitement.

Et vous quel est votre sentiment, votre expérience en la matière ?
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samedi 3 janvier 2009

Bienvenue

Bonjour et bienvenue à tous,

Je m'appelle Marie-Laure, je suis prof d'anglais dans un lycée du Val de Marne et j'ouvre mon premier blog aujourd'hui. Je désire partager avec vous, enseignants, élèves, parents et tous ceux qui le désirent, mon expérience d'enseignante pour un enrichissement mutuel.

Tout au long de ce dialogue que j'espère fructueux, je vous ferai part de ce que j'appelle l'Anglais Autrement, que j'applique tous les jours avec mes propres élèves. En effet, je travaille en collaboration avec un psychologue certifié en Analyse Transactionnelle, en Process Communication et auteur de La Méthode Chalude de la Performance, à paraître, méthode pédagogique innovante, qui permet une autre approche de la relation enseignant /enseigné pour une meilleure réussite des élèves et des enseignants.

Nous parlerons donc de pédagogie, de cours, d'activités, de vécu, de difficultés, de bonheurs, de ce qui marche, de ce qui ne marche pas et plein d'autres choses encore...

Bonne rentrée et à bientôt donc.
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