mercredi 4 février 2009

COMPORTEMENT D'ELEVE : LA TENTATIVE DE FRAUDE

Sonia élève de Seconde, âgée de 15-16 ans, bien élevée, bien dans sa peau, bonne élève, s’est faite attraper avec une anti-sèche en cours de physique.

Voilà en substance la teneur de l’émail que je reçois sur ma messagerie électronique, avec pour objet : « Juste pour vous informer ». Il émane de la professeure de physique et a pour destinataires tous les professeurs de la classe.

C’est de cette façon que nous nous mettons au courant des bons résultats, bonnes actions, problèmes et absences de nos élèves et que nous échangeons sur tout ce qui fait la vie de notre classe de Seconde.

C’est bien pratique et très important.

Et c'est comme cela que j'apprends que Sonia s’est faite pincée, hier.

En fait, il ne s’agit pas d’une anti-sèche mais de la feuille du cours qui fait l’objet du présent contrôle. Sonia a copié sur son propre cours. La professeure le précise et regrette qu’elle n’ait même pas pris le temps de fabriquer une anti-sèche. Il est vrai que fabriquer ce « pense-bête illégal » permet de se familiariser avec le cours, d’exercer son esprit critique en sélectionnant les notions, ainsi que son imagination en lui trouvant la forme la plus ingénieuse, celle qui permet de ne pas se faire attraper.

Elle est donc déçue que Sonia n’en ait rien fait.

Quelle banalité, quel manque de fantaisie d’avoir sa feuille de cours sur les genoux. Quand certains font de l’anti-sèche un art, qu’ils exercent avec créativité, notre téméraire élève use de la feuille grand format avec calculs et notions dictés en classe. Quelle platitude, quelle déception !

Mais suffit, je ne ferai pas l’apologie de la fraude scolaire, ce n’est pas mon rôle. Reprenons plutôt notre récit.

Après nous avoir informé, notre collègue de physique conclut son email par une mise en garde car, écrit-elle, si Sonia tente « de le faire » en physique, elle pourrait « le faire » dans les autres matières.

Franchement, après sa lecture, je n'accorde pas beaucoup d'attention à cette affaire, car je me dis que la professeur l'aura gérée comme il se doit. Cependant, comme il me paraît important que nos élèves sachent que nous sommes une équipe soudée et que nous sommes avertis de leurs méfaits comme de leurs bonnes actions,il me semble donc tout à fait naturel, alors que je suis près de notre élève pour vérifier la justesse d’un exercice d’application, de lui glisser un sous entendu qu’elle comprend aussitôt. Cette compréhension immédiate prouve bien qu’elle n’est pas coutumière de la tentative de fraude. C’est sans doute pour cela qu’elle s’est faite pincer, la pauvre !

Bon voilà encore que je réagis comme une ancienne élève, pour qui copier n’est pas frauder!

J'aurais probablement oublié cet incident si je n'avais pas rencontré ma collègue dans la salle des profs le lendemain matin qui me raconte de nouveau l'histoire, cette fois de vive voix. Elle la termine en me faisant part de la sanction qu'elle a infligée à Sonia : un zéro au contrôle. Un zéro sur vingt comme réponse à cette tentative de fraude, rien d'autre. Je suis d'emblée très gênée par cette réponse qui me paraît inadéquate pour une tentative de fraude. Une note quantifie la qualité d'une prestation. Un zéro signifie que la prestation est nulle, car inexistante ou erronée. Sonia ne pouvait pas rendre un contrôle nul. En quoi son zéro est-il indicateur de sa prestation? En quoi sanctionne-t-il la fraude?

Fraude, ce mot résonne comme une malhonnêteté, une tricherie, une tromperie, une escroquerie à mes oreilles et à celles des honnêtes gens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je le préfère à l’expression : « le faire » de l’émail ou au mot tricherie, plus volontiers employé dans le contexte scolaire.

Non, moi je veux que l’on bannisse le mot tricherie qui minimise l’action, la banalise, l’infantilise. Tricher n’est pas jouer, na na na !
Non, moi je veux réhabiliter le mot fraude dans les classes. Toi élève tu ne triches pas, tu fraudes. Tu n’es pas un sale tricheur, tu es un fraudeur ! C’est plus grave. Tu peux aller en prison pour cela ! Pas en prison de quelque jeu vidéo pour ados, non en vrai prison, avec des cellules et des barreaux aux fenêtres !

Bien sur, je délire, j’exagère, j'extrapole. Je ne veux certes pas que même s’il leur arrive d’être fraudeurs nos chers élèves soient enfermés, bannis de l’école, mis au ban de la société. Ils sont si jeunes. Ils ont tellement à apprendre.

Et justement nous sommes là pour ça.
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